JCVD nous régale une fois de plus de sa présence, bien que minime, dans un film de combat convenue sans grande originalité. À tort, on imagine que la tête d'affiche garantit une superbe mise en scène ou serait un gage de qualité, ce ne sera pas le cas dans Karaté Tiger. Reprenant tous les codes du film de combat avec héro, on n'échappera pas aux passages obligatoires de mise en scène, de scénario et d'évolution de la trame narrative. Bien que tout soit bien exécuté, le film n'invente rien et recycle l'existant, ce qui limite drastiquement son pouvoir de convaincre, et ce, malgré une chorégraphie finale très sympathique. 

Premièrement, le classicisme du film nous présente bien entendus le sempiternel rite initiatique de notre héro pour devenir THE combattant de ses morts. Le premier problème est que l'humiliation que vit notre héro et qui provoque ce changement ne convint pas car il trop bref, trop léger pour être un vrai motivateur pour changer. C'est comme si Bouboule le gamin à qui on vole la chocolatine à la récrée devenait John Cena après son premier vole. Le second problème est la manière dont ce rite se fait, c'est-à-dire dans une maison abandonnée avec trois bricoles, comme si cela suffisait d'avoir 3 sacs de riz, des élastiques et un cheval de bois. Le troisième problème vient du fait que ce soit littéralement l'esprit de Bruce Lee qui le forme et qui le transforme en gardien de la paix. Ce n'est pas le maître lui-même, mais son fantôme qui intervient pour on ne sait quelle raison, ce qui rend le film surréaliste et nanardesque. C'est comme si Joue là comme Beckham se voyait approché par l'esprit de Maradona pour entraîner la fille ... Imaginez la scène quoi. On se retrouve à avoir le même problème que son pote qui le surprend en train de parler seul, on se dit qu'il est habité, mais tant de questions se bousculent qu'on en oublie le but initial : comment, pourquoi lui, pourquoi Bruce Lee le choisit, comment il lui apprend tout ça ?.. Toutes ces questions resteront sans réponse. Le dernier problème est alors la synthèse de ces 3 problèmes précédents, à savoir qu'il bat littéralement le champion du monde, tout en étant ceinturé rouge à ses débuts de l'histoire et qu'il s'est écoulé en tout et pour tout 6 mois avant le combat final, en encaissant des coups que même son super prof n'a pas su encaisser, et le tout en ayant été formé par un esprit d'un acteur n'ayant jamais été champion en quoi que ce soit ni dans la réalité, ni dans le film (n'en déplaise aux ultras fan x_x). Par ailleurs, cela ne choque personne, pas même ses ravisseurs du début de l'histoire, que Jason passe du statut de pijamasque à super guerrier. La conclusion est bien entendue la même que celle des autres films du même style, à savoir qu'il n'est plus dépressif et nul, que c'est un vrai Alpha maintenant, car il sait castagner la gueule de tout le monde, lui donnant donc accès logiquement à la meuf inutile de l'histoire, motivateur par intérêt de possession. On ne le reprochera pas au film qui date des années 80, mais ceci dit, on peut noter ce parti prit de faire toujours de la même manière et toujours pour les mêmes fins.

Secondement, le classicisme le mène à faire certes la même chose, mais aussi de la même manière. On a donc, une fois de plus, le pokédex du combat plein, et celui du rite initiatique pour la même occasion. Pour l'exposer et vous permettre de reproduire ainsi le film ( et tous ses semblables), voici la recette :

Dans le déroulement : (insérez le nom d'États-unien ramdom) notre héro tente d'apprendre un geste - il échoue - son maitre (insérez le nom d'une célébrité) lui montre - il échoue encore - "tu dois y croire" dit le maître - miracle le héro y arrive.

= répétez ainsi cette boucle 3 ou 4 fois 

Dans le remplissage : entre chaque phase, placer des plans fixes d'homme nu ou torse-nu, toujours suant, faisant du sport, en faisant monter la sauce progressivement dans la difficulté. N'oubliez surtout pas de soupoudrer le tout de cris et de faces grimaçantes et douloureuses pour pimenter le visionnage.

= exemple : tractions suivis de quelques pompes, puis pompes avec élévations verticales en pompes et, pour le dernier stade, pompes à un bras voir quelques doigts avec coups de pieds pour le finish.

Dans la forme : N'oubliez surtout pas une musique très classique et entrainante digne des années 80 avec donc naturellement un synthé, une voix épique, et un rif final de guitare à caser à la fin de la transformation physique ; vous pouvez même encore plus aiguiller les spectateurs débiles en faisant regarder votre héro dans un miroir afin de bien faire comprendre à tout le monde qu'il devient vraiment plus fort !

Pour peaufiner le tout : ajouter sueur, gros plan de douleur, bruitage de ninja et des références à un amour inaccessible à son échelle afin de réveiller le chauvin qui réside en chacun.

= mettre à photo d'une bombasse est ainsi fortement recommandé pour booster la testostérone du film.

Voilà, vous avez la salade, la tomate et les oignons du cœur de votre film, c'est ce qui va occuper à peu de choses près 70 % de votre film. Pour le scénario, vous avez 3 possibilités :

- le dojo va disparaître que va devenir maître Tigre et Dragon.

- mon papa est mort, je vais le venger.

- j'ai la dalle, je veux une meuf.

Ne me remerciez pas, j'ai tout appris d'eux ! 

Dernièrement, la présence en affiche de JCVD en gros russe débile à souhait m'a tué de rire. J'ai adoré l'excès de l'acting. Autre point noir désagréable, le fait qu'il y est beaucoup trop de personnages secondaires inutiles, notamment cette histoire de dualité entre Jason et les membres du DOJO. Cette histoire secondaire ne mène à rien à la fin, il intervient sur le tatami, rétame le russe et tout le monde le félicite, pas d'animosité ni de rancœur comme si rien ne s'était passé alors que la fois d'avant, ils lui avaient cassé le cou et l'avaient soulevé comme la coupe du monde. Trop de sous intrigues, trop de personnages, trop brouillon et JCVD dans tout ça qu'on voit 2 fois ne remonte pas l'ambiance globale du film. Pire, je trouve que sa présence invisibilise Jason et son acteur qui l'a merveilleusement bien joué.

À ce terme, je crois judicieux de dire que malgré son côté visionable et plaisant pour une soirée pop-corn, le film ne lève pas la barre très haute contrairement aux jambes et ne sait sur quel tableau jouer dans son scénario entre histoire de famille, relation amoureuse, mafia et victimisation de la part de ses camarades. Jason est attachant mais bien trop générique pour être un marquant. La production est très largement normale donc bref, c'est un classique à voir autant qu'un autre avec aucune fulgurance ni spectacularité.

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le 14 févr. 2023

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