Kedma
5.6
Kedma

Film de Amos Gitaï (2002)

"Kedma" est un film d'Amos Gitaï réalisé en 2002 où le cinéaste remonte le temps jusqu'à 1948, date de la création dans la douleur de l'Etat d'Israël.

Un vieux bateau rouillé chargé d'émigrants juifs rescapés des camps de concentration nazis arrive en vue des cotes de l'encore Palestine. Les émigrants sont pris en charge par le Palmach, l'armée clandestine. Mais les choses ne sont pas simples car les émigrants et leurs accompagnants doivent fuir l'armée britannique encore présente puis se battre contre des arabes. Le pacifiste Amos Gitaï évoque ainsi la guerre dite de 1948 entre arabes et juifs, déclenchée quasi automatiquement dès la décision des Nations Unies d'accorder un territoire au peuple juif.

Le propos d'Amos Gitaï, à mon avis, n'est pas de refaire l'histoire ni de remettre en cause quoi que ce soit. Il ne s'intéresse qu'aux êtres humains et à leur détresse.

Les juifs qui arrivent reviennent de l'enfer et sont pleins d'espoir en arrivant sur la terre de leurs ancêtres. L'accueil britannique puis la réalité du pays avec les musulmans en train de fuir plongent certains dans un grand désarroi qu'Amos Gitaï traduit par deux monologues, deux cris, l'un d'un émigrant juif , l'autre d'un paysan arabe.

Celui de l'émigrant juif polonais est une lamentation sur l'impossibilité pour le peuple juif de trouver une terre à eux, l'impossibilité du bonheur, l'impossibilité de la promesse du retour vers la terre promise. "Tout est foutu"

Celui du paysan arabe c'est une incantation sur la volonté de rester, de lutter, de "faire des enfants révoltés".

Hormis les deux monologues qui sont les points d'orgue du film, il y a très peu de dialogues ; au début, certains émigrants évoquent l'horreur des camps nazis avec le double sentiment, soulagement d'y avoir échappé mais culpabilité d'y avoir laissé leurs proches.

La manière de filmer de Gitaï est assez particulière dans ce film. Je ne connais pas assez le cinéaste pour en tirer une généralité. Beaucoup de plans fixes où les acteurs entrent puis sortent du cadre de l'image. Ça donne un style un peu contemplatif et lent mais surtout une posture où la caméra se veut externe, ne prend pas partie et se contente d'observer. Cette façon de faire m'a parfois moyennement convaincu.

De même, Gitaï a dû vouloir montrer l'impréparation des émigrants à la chose militaire et cela m'a semblé un peu caricatural. Par exemple, les gens qui se dressent alors que ça canarde de partout … m'a paru un peu improbable ne serait-ce que parce que la plupart des émigrants ont vécu des années de guerre dans ou hors des camps où les balles devaient quand même siffler régulièrement et ont vite appris qu'il fallait se baisser pour les éviter.

Au final, Amos Gitaï nous amène à un constat très pessimiste qui, certainement reflète une certaine situation actuelle. Faut-il pour autant généraliser ? Je reste pleinement persuadé que la paix peut toujours être possible. Le pire n'est jamais certain.

Au fait, j'ai cherché quelle pouvait être la signification de ce mot "Kedma". Je n'ai trouvé qu'une chose. Il pourrait s'agir du prénom du plus jeune fils d'Ismaël… Tiens donc …


JeanG55
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le 10 sept. 2022

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