Dave est lycéen, pas très athlétique, pas très beau, pas très intelligent non plus... bref c'est un geek banal qui lit des comic books et qui se fait taxer son fric à la récré. Un jour, il décide de devenir un super héros. Comme ça sur un coup de tête. Kick-Ass, le nom de scène de Dave, n'a pas pas de pouvoirs, pas d'argent, ni de nobles motivations, juste une envie irrépressible de botter des culs, ce qui ne va pas être simple vu comment il est taillé. Néanmoins, il ne restera pas seul très longtemps puisque vont s'ajouter à la bande un père vengeur et sa fille de 11 ans, beaucoup plus efficaces dans le découpage de truands, et un petit con friqué dont le seul pouvoir est d'avoir une grosse voiture rouge.

Autant le dire tout de suite : Non, Kick-Ass ne révolutionne pas le film de super-héros. La voix off du personnage principal c'est sympa pour se moquer de Spiderman, mais quand il sort des banalités pendant 25 minutes, ça l'est moins. Surtout quand le film se contredit. C'est pas bien grave tu me diras, mais le personnage principal évoque le manque de pouvoir et de traumatisme originel... Or, les quatre protagonistes vont devoir passer par ce traumatisme pour gagner une motivation. Celui de Red Mist est tardif, celui de Hit Girl est double, celui de Big Daddy intervient bien avant le début de l'histoire et même Kick-Ass a le sien. S'il n'est pas aussi psychologiquement violent que celui des trois autres, il y gagne un pouvoir (deuxième contradiction pour le coup) : celui de pouvoir encaisser de multiple coups dans la gueule sans ressentir de douleur. Et c'est déjà pas mal, même si ça vaut pas l'invisibilité.

Derrière la lourde étiquette méta que se trimballe le film entre teen movie, film de vigilante bad-ass et parodie gentillette de superhéros, Kick-Ass arrive à insuffler au genre une grande dose de cool et de violence graphique. Les plus fragiles seront sûrement choqués par les cascades d'hémoglobine, les grossièretés débitées à la mitraillettes, les balles dans la tête et les séances de torture plus qu'affreuses (il me faut ce micro-ondes). L'éternel débat sur la violence gratuite va être relancé un peu partout. Même si on est quand même bien loin des scènes de la trilogie Old Boy et cie, comme c'est un blockbuster, les personnes saines d'esprit vont se demander quel plaisir peut bien prendre une bande de geek à voir une gamine de 12 ans massacrer une bonne cinquantaine de mafieux pathétiques. Et je peux vous répondre maintenant, le plaisir est énorme.

Ce qui gêne le plus le chaland semble être la non-dénonciation de la violence et le manque de recul par rapport à la violence, cruelle, dont font preuve les personnages de Big Daddy et Hit Girl. Alors qu'ils sont estampillés « gentils », le père et la fille s'abaissent au niveau de leurs proies en les massacrant allègrement sans espoir de négociation et de reddition. Au contraire, je trouve pourtant « rafraichissant » de trouver des héros sadiques dans un film à si grand public où la question de la violence est laissé à l'appréciation du public qui n'a pas forcément besoin de se faire prendre par la main pour trouver ça dégueulasse.

Si vous n'êtes pas encore convaincu qu'il faut aller voir Kick-Ass, l'équation est pourtant simple : sales gosses + langage ordurier + scènes de baston phénoménales + humour geek = le summum du cool version 2010. Un film pop gorgé d'humour noir, cool, grandiloquent, provocateur comme il faut où l'essentiel restera le beau duo d'acteur formé par Chloe Moretz, superbe en héroïne sans scrupules, et Nicolas Cage qu'on avait pas vu aussi juste depuis des années. Show's over, motherfuckers.
MrShuffle

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