Ca faisait un petit temps que je n'avais plus vu un film de Kitano. Pourtant, les deux premières oeuvres que j'avais vue de lui ne m'avait pas déplu. Pour rappel, Sonatine fait partie de mes cent films préférés tandis que Getting any ? proposait une oeuvre de comédie déjantée, à la japonaise, et tout simplement débile mais assez sympathique.
Je me demande vraiment pourquoi car au vue de ce Kids Return, Kitano est un cinéaste taillé sur mesure pour moi. L'histoire va bien plus loin que l'itinéraire de la boxe. L'un des deux jeunes garçons possède un réel talent tandis que l'autre est plutôt mauvais et va vite s'y détourner pour intégrer le monde des yakuzas. Dans ce dernier cas, Kitano adore parler de cet univers car il lui rappelle son enfance. Il faut dire que Kitano a grandi dans un quartier qui regroupait soit des hommes d'affaires, soit des yakuzas. Voilà pour la petite parenthèse qui nous explique pourquoi le metteur en scène nippon aime tant parler de ce milieu.
Bref, ça parle de personnes qui sont au ban de la société. Ils sont différents et ne vouent pas leur vie aux études. Kitano, malgré les apparences, fait un film sur la jeunesse au Japon. Et sur les choix qui se présentent à eux. Soit on travaille et on est voué à une grande carrière, soit on fait comme nos deux jeunes héros et on est voué à l'échec selon les profs. On se lance alors soit dans le sport pour s'en sortir, soit on finit dans le milieu du crime. Mais ce n'est pas tout, il y a ces jeunes qui finissent par devenir des 'racailles' ou bien qui tentent de faire comme leurs modèles. Des jeunes en quête d'identification. Le tout est souvent montré de manière anodine. Avec une certaine forme de respect. Ou tout du moins, ne pas être trop lourd dans le propos ou être exagéré. Il y a même de l'humour (comme souvent chez Kitano), essentiellement chez les deux ou trois jeunes qui tentent de faire comme leur ami.
Mais chez le cinéaste nippon, et c'est un peu une marque de fabrique, ses oeuvres sont empreintes de pessimisme. Ici, il n'est pas question de les voir s'en sortir autrement que par le système scolaire et donc le système de la société japonaise. Et ce n'est pas leur innocence qui nous fera dire le contraire.
Kitano signe une oeuvre magnifique, émouvante, dont l'histoire reste longtemps dans nos mémoires. Un très grand film. Plus encore...

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le 6 mai 2011

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batman1985

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