Nous faisons ici la connaissance d'un triangle amicale étrange :
Un policier en civil control-freak aimant les jeunes femmes russes et les BMW, un photographe de pièce d'identité et shooting Mode miteux et une femme de chambre qui aime simuler de façon totalement morne sa propre mort dans différents contextes.
Le film est en caméra sur épaule avec une image vraiment peu qualitative mais les plans sont assez bien étudiés.
Globalement il ne se passe pas grand chose dans ce film à part des scènes de vie très inintéressantes des trois personnages entrecoupées de reprises version sous Prozac de scènes de meurtres/agressions de femmes que les trois compagnons reproduisent en théâtre au ralenti et avec une très mauvaise cadence. (L'un filme en faisant une voix off explicative des gestes à reproduire avec un ton monocorde, les deux autres jouent au ralenti et avec une maladresse gênante les ordres).
Toutefois, malgré le peu de substance en apparence que peut offrir ce film, je lui trouve un certain intérêt "hypnotique" dans les images et les scènes et je retrouve bien la patte de Lanthimos dans ce premier long-métrage solo. Cette façon toute particulière de faire "mal jouer" ses acteurs comme si ils passaient dans un mode autistique afin de donner une dimension absurde/anormale aux scènes est quelque chose de très brillant et unique à ses films.
Pour les non-habitués du réalisateur, je conseille malgré tout de commencer par Canine ou Lobster pour se faire une idée plus aboutie de l'univers du réalisateur, ou encore Alps, qui reprend clairement un trait de jeu dans le jeu des acteurs en mise en abîme, car Kinetta ressemble vraiment à une ébauche brute et sans moyens de la suite de ses œuvres. Je ne l'aurais peut-être pas autant apprécié sans connaître tout le reste de sa filmographie.