Décidément, il n'y a pas que la nature que Malick sait mettre en valeur !

Knight of Cups c'est une traversée mystique, un opéra de grandeur dans le questionnement de soi.


Le métrage s'inscrit directement dans la continuité de ses prédécesseurs The Tree Of Life et To The Wonder pour ce qui est des éléments qu'il reprend, et, dans un aspect plus global, Terrence Malick continu avec Knight Of Cups de travailler avec ce même style qui lui est si particulier, ce style qu'il a adopté depuis The Thin Red Line.


Avec Knight Of Cups, la boucle ouverte avec The Tree Of Life et poursuivie avec To The Wonder est bouclée. Ce dernier opus, de ce qui me semble être une trilogie, évoque ces deux prédécesseurs, et, ne se contente pas seulement de les citer, il les ajoute carrément à son récit. En effet, Rick ( le personnage interprété par Christian Bale ) rappelle Jack dans The Tree Of Life ( le personnage interprété par Sean Penn ), le thème de la perte d'un membre de la famille est repris. Quant au thème de l'amour présent dans To The Wonder , il est lui aussi repris.
À tous ces thèmes principaux, s'ajoute celui de l'introspection, celui de cette sensation personnelle d'avoir perdu quelque chose en soi, comme si, une partie de soi - même s'était décrochée et que tout ce qui reste de cette même chose dans la tête du personnage principal, c'est un souvenir obsessionnel et répétitif. Ce souvenir obsessionnel et répétitif sert de repère au protagoniste dans sa quête mystique, seulement, ce repère semble occasionner un empêchement, oui, ces souvenirs sont tellement obsessionnels qu'ils semblent empêcher une quelconque progression pour le protagoniste.
Notre protagoniste, se retrouve donc perdu, il se sent vide et délaissé, par les personnes qui ont composé sa vie et par lui - même.
Oui, cet opus inscrit une progression, une évolution dans la trilogie, car depuis The Tree Of Life, les suites deviennent moins optimistes, il y avait To The Wonder qui soulignait la déception amoureuse, les conséquences dures d'une rupture sur la reconstruction d'une vie amoureuse.
Mais là, avec Knight Of Cups tout semble incompréhensible et inaccessible pour notre protagoniste, tout foire, il n'y a pas de reconstruction possible, juste la constatation d'un passé révolu, détruit par l'indifférence du temps, un temps qui passe et que l'on arrive même plus à suivre, et tout ceci est bien souligné par la structure du film, qui nous offre un récit comme dans To The Wonder assez dispersé, par moments.
En effet, Knight Of Cups rappelle aussi la métaphysique de The Tree Of Life, en nous montrant des marqueurs temporels et leurs évolutions. Les plans de la ville, les panneaux publicitaires, les éléments technologiques (et même le changement de qualité des images avec la présence de caméra amateure qui évoque l'enfance)...
Le côté mystique du film est appuyé ici par le tarot, le film est découpé en chapitres, chapitres qui ont pour titres les cartes de tarots, mais aussi par la consultation d'une voyante à un passage du film, il est souvent fait références à ces cartes par la suite.
Certains passages de la bible sont cités et ceci évoque aussi les films précédents de la trilogie, et permet d'ajouter au récit une certaine spiritualité.
Les personnages se questionnent aussi, sur eux et le monde qui les entourent, c'est une habitude chez Terrence Malick, mais ça reste toujours aussi admirable.


Pour ce qui est de la forme du film, c'est encore une fois de plus un travail exceptionnel que nous fournit ici Terrence Malick.
Les images sont magnifiques, les couleurs, les plans avec leurs profondeurs de champs et leurs décors resplendissants de beauté. La caméra agit ici comme un spectre qui se déplace à travers l'espace et le temps, contemplant chaque parcelle de sa propre vie passée, nous offrant un voyage d'une splendeur sans nom.

Le travail sur le son est quant à lui exceptionnel, c'est avec ce carton que le film Knight Of Cups s'ouvre :



For optimal sound reproduction,
the producers of this film recommend that you play it loud



C'est simple, les musiques sont justes d'une magnificence innommable, elles se lient à la perfection avec les images et caressent nos oreilles là où les images caressent nos yeux : le combo parfait !
Les musiques collent tellement à la perfection, elles accentuent le mysticisme de certains passages par leurs sonorités majestueuses, elles intensifient le côté dramatique de certaines situations et amplifient la beauté contemplative des moments magiquement capturés par Malick.
Et, il n'y a pas que les musiques qui sont bien sélectionnées, le son est travaillé au plus haut point, l'ambiance qui se dégage de certains moments est fort à en livrer des frissons, si ce n'est des spasmes !
Lors de certains passages, les sons d'ambiances ( les voix, les bruits de pas etc...) sont diminués si ce n'est réduit au silence, tout en suggérant leurs présences, ce qui favorise l'introspection du protagoniste et ajoute une atmosphère vraiment particulière au spectateur. C'est vraiment divin !


Je ne pense pas que tout le monde appréciera ce film que nous offre Terrence Malick, car il reste cependant très long, c'est le genre d'expérience qu'il faut, selon mon humble avis, tenter au moins une fois dans sa vie, en revanche .


Expérimental et planant, une odyssée mystique et métaphysique troublante de poésie et de beauté !

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le 6 août 2016

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CinemaDreamer

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