Promis juré craché, je ne glavioterai plus gratuitement sur les films de Michael Bay. Il y a en effet un néant sous le néant, et dans ces profondeurs insoupçonnées sont projetées des oeuvres soupçonnables telles que cet "Oasis of the Zombies".


Qu'on ne s'y trompe pas, Jess Franco était un type qui avait l'air tout à fait sympa. Un cinéphile fan de fantastique qui semblait beaucoup réfléchir à ce qu'il mettait en scène et faire son métier avec passion. Ce qui rend d'autant plus incompréhensible l'échec artistique total de ce film.


Car il n'y a rien dans "Oasis of the zombies". RIEN. On n'y décèle absolument pas le travail d'un mec qui a derrière lui 25 ans de carrière. Plutôt celui d'un très mauvais étudiant en cinéma qui n'aurait jamais vu un film de sa vie.


Celui d'un mauvais scénariste qui a voulu tirer un film de 80 minutes d'un script de trois pages.


Celui d'un cadreur empoté qui se démerde pour foirer les 283 zooms avant du film et qui n'est pas foutu de rendre une bobine bien nette.


Celui d'un chef op aveugle répondant au doux nom de Raymond Heil, ce qui est plutôt une sacrée coïncidence pour un film qui parle de zombies nazis.


Celui d'un ingé son défoncé au crack qui n'a rien trouvé de mieux pour bruiter les zombies que de choisir un son de ronflement de cochon qui grince (si tant est que ce son existe).


Celui d'un monteur qui n'avait pas trop le temps parce qu'il devait passer chercher ses chaussettes au pressing, et que y'a toujours la queue au pressing le vendredi aprem.


Celui d'acteurs et de figurants qui avaient sûrement dû parier sur qui sortirait la performance la moins crédible, parce que là c'est pas possible, y'a des bêtes de concours (la scène de bataille est une orgie de morts ridicules).


Celui de doubleurs payés au lance-pierres qui parviennent à foirer les 30 répliques navrantes que contient ce film. Le mec qui double Ronald semble même sortir d'une tentative de suicide.


La fin, il faut la voir pour la croire. Enfin, "voir" c'est un bien grand mot parce qu'il n'y a plus que de la fumée à l'écran, et que le chef op était parti plus tôt parce qu'il avait piscine.


Après avoir cramé les zombies (ou après les avoir mis en fuite, j'en sais rien, on voit que dalle), le héros, qui au passage était en quête d'un trésor caché de 6 milliards, pique un roupillon sur le sable avec sa copine, avant de se faire réveiller par son grand-père qu'il n'a jamais connu (et dont il se fout complètement, cela va sans dire). S'ensuit le dialogue le plus ridicule de l'histoire du cinéma :


" - Alors, as-tu trouvé ce que tu cherchais ?
- Je me suis retrouvé moi-même."


Je me suis déjà apitoyé sur la qualité d'un film, mais jamais jusque-là je n'avais littéralement fini le visionnage en me prenant la tête à deux mains. De désespoir, de honte, d'embarras, pour tous ceux qui ont donné quelques minutes de leur vie (sans doute pas plus) afin que ce film voie le jour. Mais pas de pitié. Vous ne méritiez pas mieux.

magyalmar
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le 27 avr. 2016

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magyalmar

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