Le film "l'Adieu aux armes" s'inspire du célèbre roman d'Hemingway (que je n'ai jamais lu). L'action se déroule vers la fin de la Première Guerre Mondiale sur le front austro-italien du côté des Italiens. Un brancardier anglais, Frédéric, revenu du front s'éprend d'une infirmière anglaise, Catherine … Blessé ultérieurement, Frédéric est soigné dans le même hôpital où ils vivent leur passion sous l'œil réprobateur de l'infirmière en chef et du collègue jaloux.

Et pourtant, ça commence par une belle gifle qu'administre Catherine à Fréderic qu'elle trouve bien un peu trop empressé pour une première rencontre. Catherine se refuse à être la nana d'un soir … Mais cette gifle a une vertu, celle de faire se découvrir Catherine et Frederic et de les enflammer … La scène, sensuelle et pudique, est du pur Borzage qui met en présence deux personnes qui vont s'aimer dans un contexte d'horreur ou de guerre ou de menace ; c'est une constante chez Borzage de faire éclore une belle fleur au milieu d'un merdier pas possible. Comme si RIEN ne peut empêcher l'amour de jaillir : ni la menace du nazisme dans "Trois camarades" ou "The mortal Storm", ni le départ vers un front meurtrier comme "Stage Door Canteen", ni la grande Dépression dans "Ceux de la zone", etc …

Quelques années plus tard, c'est Douglas Sirk qui prendra le relais de Franck Borzage … L'un comme l'autre ne sont pas des militants d'une cause quelconque, ils ne sont juste qu'humanistes et essaient d'exprimer que, quelle que soit la situation, on peut toujours compter sur cette étincelle qui fait que la vie vaut d'être vécue…

Revenons à la scène de "la gifle" où Frederic et Catherine superbement filmés par une caméra en plongée qui s'éloigne peu à peu entourant le couple d'une végétation et d'une statue créant un espace protégé et hors du temps.

Une autre grande scène, c'est celle où l'ami prêtre bénit leur union même s'il ne s'agit pas de mariage mais d'une sorte de protection qui dépasse les dogmes. La caméra se fixe sur un beau regard émerveillé de Catherine.

Et puis la scène finale où la musique reprend la partition de "la mort d'Isolde" (dans l'opéra de Wagner) qui est, pour moi, un des plus beaux morceaux de la musique classique. Cette scène est entrecoupée de volées de cloches saluant l'armistice et Catherine et Frederic se retrouvent, comme dans la scène où ils s'aiment pour la première fois, complètement isolés du monde. Bouleversant.

Cette scène, qui préfigure la scène finale de "Trois Camarades" montre une Catherine qui sait qu'elle va mourir et qui a peur : Là-bas, tout est sombre et vide. Ne me laisse pas mourir. Face à un Fréderic effondré qui tente vainement de retenir la vie.

C'est Gary Cooper qui joue le rôle de Fréderic. Son jeu évolue durant tout le film de l'officier enjoué, cœur d'artichaut et fêtard à celui de l'homme amoureux, timide face à un amour qui l'envahit et le transcende.

Helen Hayes interprète le rôle de Catherine. Son jeu la montre à la fois toute en retenue mais aussi en confiance face à Gary Cooper. Son personnage est très attachant et émouvant. Selon Wiki, elle a surtout été actrice de théâtre à Broadway. Elle a une petite taille comparée à Gary Cooper. Dans une scène d'ailleurs où on les voit de profil, Gary Cooper la soulève de plusieurs dizaines de centimètres pour pouvoir l'embrasser sans se courber. Je ne sais pas si c'est volontaire de la part de Borzage mais cette différence physique m'a paru accroître encore la pureté et l'aveuglement de cette passion entre les deux personnages.

Très beau film de Franck Borzage qu'on reconnait bien à sa sensibilité et à son humanisme. Même si la mise en scène a quelques légères imperfections, peut-être dues à une volonté de coller au livre, je ne sais pas.

JeanG55
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le 21 oct. 2022

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