Beigbeder devient réalisateur? Non, il reste lui-même!

Amis libraires prenez garde, bientôt les livres seront remplacés par des écrans plats !
Frédéric Beigbeder semble vouloir devancer l'appel. On ne l'y prendra pas. Plutôt que de voir les derniers exemplaires de ses romans poches bradés sur les quais de Seine, il abandonne sa plume (son PC Apple) et prend une caméra. Le résultat est le même : il fait du Beigbeder...
Avez t'on vraiment besoin de ça ? La réponse est non. Avait-il besoin de ça ? De son point de vue, oui, du nôtre...

L'Amour dure trois ans est une fable bobo dans laquelle le héros partage avec nous sa vision cynique des gens, des mœurs et de l'amour. En filigramme,ce cher Frédéric nous délivre un certain nombre de maximes de savoir « bien vivre » : pour pimenter votre couple, rien de tels que les sex toys et les jeux de rôles / la vie c'est chiant, donc autant picoler, ça égaye / le mariage c'est comme si un gant de satin devenait progressivement du caoutchouc... Bref, c'est très con, trop con, si bien que la première demie heure passée, soit on s'en va carrément, soit on y va carrément. Rentrez dans le délire de Beigbeder (ce n'est finalement pour lui qu'une nouvelle occasion de s'écouter parler), rend son film beaucoup plus supportable.

Pas de mystère: le héros (Gaspard Proust: un mec un peu paumé dont on ne sait jamais s'il est carrément benet ou juste bourré), c'est Lui. Alors bien sûr, l'écrivain ajoute une part de rOmance, une part de fiction. Louise Bourgoin s'en sort d'ailleurs avec les honneurs, confirmant son indéniable présence à l'écran. Mais l'artiste est vite rattrappé par les mondanités; en témoigne la présence dans le film de tous les people du moment, Nicolas Bedos en tête, qui lui, à la différence des chroniqueurs du Grand Journal, n'a pas l'excuse de jouer son propre rôle pour justifier sa piètre prestation (quoique, seul Closer dira s'il a ou non un « petit pénis »...).
Au final cela donne un film aux croisements entre la comédie mièvre (le héros écoute les chansons de Michel Legrand en boucle) et la comédie potache façon Frères Farrelly. Certes il fallait oser transformer Joey Star en surfeur gay; pour le reste, les discussions d'hommes s'interrogeant sur le mode d'épilation des passantes, les séances de vomis collectifs ou la quête de lapins blancs Place de l'Etoile, n'ont pas beaucoup d'intérêt...Demeurent les habituels « fun facts » : la mère du héros est l'auteur du best seller « Je suis une mère célibataire et je t'emmerde », son père, une version soft de Dominique Strauss Kahn, son ex, la compagne de Marc Levy, Frédérique Bel, une nymphomane...

Rien de bien original donc, le livre seul suffisait.