L'Anti-gang ou Sharky's machine est la troisième réalisation de Burt Reynolds après Gator et Suicidez-moi docteur ; il marque une sorte de coupure dans la carrière de la star car il tranche avec sa période décontractée d'aventurier comique dans des films comme Cours après-moi sheriff ou la Fureur du danger, en abordant la décennie 80 avec un polar urbain d'action. Le film annonce aussi ses futurs polars qui seront plus violents et plus durs tels Stick le justicier de Miami, Banco et Malone un tueur en enfer. Ces films seront destinés à renvoyer une image toujours décontractée de Burt mais un peu plus brutale pour coller aux films de Chuck Norris, Stallone et autres Schwarzenegger qui cartonnaient dans cette décennie.
Burt Reynolds continue sur la lancée des polars violents et plus réalistes des années 70, Bullitt et L'Inspecteur Harry ont changé l'image du polar politiquement correct des années 60, il montre ici une police infiltrée par la pègre, un politicien lié au milieu, et face au crime organisé, un flic obstiné et incorruptible qui n'hésite pas à s'investir quitte à se faire torturer et tabasser. Burt donne un ton très singulier à cette descente dans l'univers du crime, avec des références aux films noirs hollywoodiens de la grande époque, on pense évidemment à Laura à travers la complicité qui s'établit entre Sharky et Dominoe la call-girl qu'il doit surveiller. Cette relation donne au film une note plus douce car le récit est ponctué d'éclairs de violence assez hard tout en ayant conservé une dose d'humour.
Burt se dirige au milieu d'une bande de joyeux drilles et s'est choisi un excellent casting avec Brian Keith, Earl Holliman, Charles Durning, Bernie Casey, la superbe Rachel Ward, et de bons méchants, avec un imprévu Vittorio Gassman et Henry Silva dans le rôle d'un tueur glaçant.
Contrairement à l'idée reçue, L'Anti-gang n'est pas qu'un banal polar de série, mais une réflexion intéressante et ambiguë sur les rapports entre la politique, le crime et la loi ; le décor est celui des grandes métropoles américaines qui sert d'abri au monde de la pègre et de son omniprésence. Une belle réussite dans le genre.

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le 13 août 2020

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Ugly

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