L'Autobiographie de Nicolae Ceausescu par Queen-Bitch

Quinze ans après ses deux premiers documentaires sur la fin du communisme, Andrei Ujica revient avec la première biographie filmée d'un des dictateurs européens du XXème siècle, Nicolae Ceausescu.



L'autobiographie de Nicolae Ceausescu vient clore la trilogie d'Andrei Ujica sur la fin du communisme historique. Vidéogrammes d'une révolution en 1992 décrivait la révolution roumaine à partir d'images télévisées datant de 1989, puis Out of the present en 1995 retraçait l'histoire du cosmonaute Sergueï Krikaliov qui était au bord de la station Mir pendant toute la période de démantèlement de l'Union Soviétique. Comme le titre l'indique, c'est à la vie du dictateur roumain Nicolae Ceausescu que Andrei Ujica s'intéresse dans ce dernier film. En utilisant uniquement des images d'archive non commentées, Andrei Ujica a voulu dresser une fresque historique au souffle aussi épique qu'un film de fiction. Un parti pris très fort et intéressant mais qui a le défaut non négligeable de rendre le film quelque peu hermétique.



L'Autobiographie de Nicolae CeausescuLe film commence lors du procès de Ceausescu. Ce dernier se sait condamné et se remémore ses 25 années au pouvoir. L'image est brute de décoffrage, et en même temps protocolaire puisque les 1000 heures de rush disponibles étaient principalement constituées de vidéos officielles. Andrei Ujica a néanmoins su aller chercher des instants d'authenticité à l'intérieur même du protocole, des instants volés qui donnent à Ceausescu une profondeur inattendue. Le dictateur apparaît puissant, totalement obsédé par le culte de sa personne et en même temps sincère et touchant.



Cependant, malgré la qualité du travail de montage, l'Autobiographie de Nicolae Ceausescu est un film long, très long, qui perd souvent le spectateur dans les méandres d'images non contextualisées,. Le documentaire s'adresse plutôt à un public initié et est difficile d'accès pour les plus jeunes par exemple. La fresque dressée par Andrei Ujica est certes passionnante d'un point de vue historique, mais les trois heures sont difficiles à digérer d'un coup.