Un face à face qui tient ses promesses

On le sait, l'immense Alexandre Dumas était un dévoreur de vie à l'image de ses héros. Qui d'autre qu'un Depardieu en pleine maturité pour incarner le génial mulâtre ? L'œuvre prolifique de Dumas a toujours suscité la suspicion du recours à des nègres. Le plus célèbre d'entre eux reste Auguste Macquet qui intenta un procès à Dumas. C'est cette relation étrange que Say Nebbou entend mettre à jour avec la complicité d'un duo d'acteurs au maximum de leur capacité et visiblement au diapason l'un de l'autre. Les films sur la cohabitation du génie avec le simple talent laissent toujours insatisfaits car s'ils nous font toucher du doigt le génie par simple contraste, ils en restent au niveau du constat, personne n'ayant jamais réussi à percer le secret de la création. Ici au contraire de l'"Amadeus" de Milos Forman l'ordre entre les deux artistes est clairement établi et pourtant il finira par générer les mêmes frustrations, l'admiration cédant le pas à la dépréciation de soi et la jalousie. Le génie paraît trompeusement toujours facile et les deux films renforcent cette illusion. Le film de Nebbou paraît sage là où Forman 25 ans plus tôt avait livré un film plein d'ivresse et de folie. L'entreprise a surtout le mérite de montrer un Depardieu qui semble revenu définitivement aux affaires après 15 ans d'errance alimentaires et un Poelvoorde qui montre une fois de plus qu'il est un des rares comiques actuels à pouvoir changer de registre . Que José Garcia en prenne de la graine ! Quant à Dominique Blanc le costume lui va à ravir. Enfin la jeune et jolie Mélanie Thierry doit apprendre à domestiquer son jeu.