Première remarque avant toute chose : je trouve que ce thriller espagnol est vraiment sous-noté sur SC et mérite d'être vu, tant pour l'originalité de sa trame que pour sa réalisation (qui sans être exceptionnelle, vaut le détour) en passant par la présence d'Aura Garrido :)
Passé ce préambule, revenons à notre film à proprement parler :-). On retrouve Jon, un jeune homme brillant féru de mathématiques et son meilleur ami, dont l'avenir est illuminé par la demande en mariage à venir... Mais c'était sans compter sur un épisode sanglant qui va bouleverser sa vie quand il devient la victime collatérale d'une fusillade au sein d'une station service. Jon se rend rapidement compte que le lieu a déjà été le théâtre d'atrocités similaires par le passé; il noie donc son chagrin dans sa quête pour dénouer ces troublantes similitudes.
Le téléspectateur suit alors deux trames en parallèle : d'un côté, celle de Jon, qui se démène pour trouver le facteur commun dans tous ces meurtres; de l'autre, celle de Nico, un jeune garçon apriori complètement décorrélé de toutes ces affaires. On aura tôt fait de comprendre le lien qui noue nos deux personnages centraux.
L'histoire dépeint un cycle perpétuel de carnages au sein d'un même lieu, à une même date (le 12 Avril), avec les mêmes protagonistes... Jon comprend alors, par le biais de croisements mathématiques, que ce mécanisme implacable se répète suivant une logique toute tracée, et que le seul moyen pour lui de briser la chaîne est de sortir l'un des protagonistes de la scène : il se met donc en quête d'avertir le jeune garçon du destin funeste qui se prépare à lui à sa 10ème bougie, si d'aventure il se rend à la station-service.
Toute la subtilité du long-métrage repose, à mon sens, sur ce doute que laisse planer le réalisateur sur la santé mentale du personnage central. Les médicaments prescrits contre la schizophrénie et les visions dantesques de nuées de papillons laissent planer une certaine ambiguïté. Le téléspectateur se plonge alors dans l'esprit torturé de Jon : cerveau parfois cartésien et très brillant, parfois emprunt à une profonde morosité à l'origine de la déformation de la réalité.
La fin m'apparaît comme subtile, au sens où Jon, qui connaissait sa fin inéluctable, perçoit Nico dans le reflet du miroir, tel son double psychique. Nico représente deux choses : le maillon qui permet de briser la chaîne funeste de drames, mais également la libération de Jon de ses démons psychiques (les ados sont une métaphore des angoisses qui le hantent). Ce 10ème anniversaire sonne le glas d'un cycle mortifère qui a perduré pendant plusieurs décennies.
Bref, j'ai trouvé "The Aviso" très divertissant, porté par des acteurs convaincants, avec une bande sonore assez prenante. Le risque pris sur le scénario et le récit saccadé ne peuvent être que salués. Je m'inscris donc à l'opposé dans avis posés jusque-là et recommande pour ma part ce film, pour qui aime les thrillers originaux.