Amorçant sa carrière en 1995 avec Möykky, Teemu Nikki a depuis réalisé une vingtaine de court-métrages, participé à quatre séries et tourné deux films. The blind man… est son second long.


Pour narrer le périple de son protagoniste, l’auteur opte pour une immersion totale. La caméra se positionne au plus proche de Jaakko. Nos yeux adoptent ainsi sa vision. Nous évoluons dans un monde effacé, peuplé d’ombres. L’environnement est plongé dans un fin brouillard persistant.

C’est ainsi que nous découvrons le quotidien de notre homme. Nous observons comment son handicap impacte les actions même les plus simples. Nous voyons la manière dont il réussit à les contourner. Malgré les limites imposées par sa santé et l’assistance qu’il nécessite, l’auteur dresse le portrait d’une personne ayant conservé une attitude enjouée et une repartie incisive. On ressent immédiatement de l’empathie pour Jaakko.


En quelques plans, nous sommes totalement immergés dans cet univers intimiste et trop peu narré. Son exposition permet d’amorcer le début d’un périple intense. Nous distinguons deux parties au sein de l’œuvre.

La première ayant lieu dans son logement. Elle nous offre les différentes clés de compréhension sur Jaakko et les relations entretenues avec son entourage. L’ancrage dans son quotidien, la conscience de ses limites face à des tâches usuelles ou encore la manière dont il les contourne, sont autant d’éléments nous permettant de comprendre les enjeux de événements à venir. Cette excursion de prime abord banale se transforme en une épreuve sur différents aspects.

La seconde partie occupe les deux tiers de l’œuvre et est source de nombreuses tensions. Évidemment, cette sortie ne se déroulera pas sous les meilleurs hospices et donnera lieu à des péripéties parfois anxiogènes.

Le monde extérieur sonne comme une dure réalité à affronter. Le contrôle sur l’environnement est beaucoup plus complexe surtout en présence d’individus malintentionnés.

Nous sommes totalement emportés par ces péripéties et appréhendons le dénouement à venir.


La réalisation participe grandement à la création d’une tension constante face à l’inconnu. Bien que positionnées dans des conditions proches de celles de notre protagoniste, nous conservons une vision plus large. Nous distinguons plus facilement les mouvements en arrière-plan malgré la présence de ce voile persistent.

Loin de nuire à l’immersion, il ajoute une oppression. Notre analyse de l’environnement couplé à notre connaissance des habitudes de Jaakko nous font spéculer sur les dangers possibles.

L’exposition de la première partie est ainsi pleinement mise à profit lors de cette expédition. Le récit conserve sa cohérence de bout en bout. La réaction de notre explorateur urbain face aux dangers est logique face à son passif.


En somme, Teemu Nikki nous offre une histoire d’aventure moderne où la banalité du trajet revêt une autre signification lorsqu’on adopte un point de vue différent. Un joli tour de force qui fut notamment récompensé d’une Mention Spéciale du jury ainsi que du prix Regards Jeunes lors de la 22éme édition de l’Arras Film Festival.

tzamety
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le 14 mai 2022

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