En 1980, la suite de La guerre des étoiles est attendue comme le wampa blanc par des hordes de fans en chaleur comme rarement dans la pourtant longue histoire des sequels…

Faut dire que le succès du premier épisode a explosé tout ce qu’on connaissait alors depuis Autant en emporte le vent… Il faut imaginer d’ailleurs que depuis aucun film n’a connu un succès équivalent, du moins sur le sol Américain, pour vous donner un ordre de comparaison, Titanic fera grosso modo les deux tiers de ses recettes si on tient compte de l’inflation, Avatar à peine la moitié… Et je ne vous parle pas des fortunes en produits dérivés habilement récupérées par un Lucas prophétique en la matière…

Alors, forcément, il y a attente, surtout que pour une fois la suite n’est pas illégitime mais logique et prévue avant le succès du premier opus. Entre-temps, Lucas est devenu le roi du pétrole, terminés les petits soucis de fin de mois pour parachever un décor, le budget triple, ce qui reste presque raisonnable et l’épisode gagne en maîtrise ce qu’il perd en charme de la bricole.

Pour une fois, un vrai soin a été donné à l’histoire, on ne cherche pas seulement à capitaliser sur le succès du précédent, on a bien conscience de faire partie d’un projet plus vaste. Dans les années cinquante, Leigh Brackett s’était fait un nom comme romancière de S-F et de polars, c’est surtout celle qui participa aux scénarios de Rio Bravo, du Grand Sommeil et autres Hawks et c’est elle qui fournira la première ébauche de scénario quelques jours avant sa mort. Pour les versions qui suivront, Lucas pourra compter sur Lawrence Kasdan, jeune homme qui n’est pas encore passé à la réalisation et qu’il retrouvera l’année suivante pour un nouveau cycle mythique : Les Aventuriers de l’arche perdue.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça commence vraiment très bien. Les premières scènes sur Hoth sont délicieuses, les personnages sont rappelés à notre souvenir par des petites touches ravissantes, l’attaque de la flotte impériale est superbement conçue, les quadripodes et les moyens de s’en débarrasser sont parfaitement mis en scène et voilà nos amis embarqués chacun de son côté dans leurs propres aventures pour notre plus grand plaisir.

Oui, parce que, en vrai, moi je suis très content d’être débarrassé du crapaud globuleux qui souillait les pontons du Faucon Millenium et je trouve que les marais du système Dagobah lui vont beaucoup mieux au teint que, par ailleurs, il a bistre.

Et franchement, moi, l’entraînement Jedi, les pirouettes, les réflexions de tête à claques du crapaud, j’en ai pas grand chose à cirer, même si j’aime beaucoup Yoda, sorte de Dersou Ouzala bougonnant et que les emprunts à Tarzan s’évade me remplissent d’allégresse…

Non, en fait ce qui est chouette comme tout dans le film c’est la balade en Falcon, Han et Leia qui s’engueulent pour mieux se dragouiller, des astéroïdes trop hospitaliers pour être honnêtes, des idées de camouflage brillantes pour échapper aux croiseurs et surtout la sensation que même poursuivi par la moitié de la flotte impériale, ce vaisseau est probablement le plus chouette endroit possible de toute la galaxie.

En plus, en perdant ses macarons et ses longues robes mais pas ses réparties ravageuses, la princesse en devient presque mignonnette, ce qui vaut mieux quand on arrive dans l’épisode le plus sentimental de la saga.

Face à elle, Harrison est enfin devenu complètement lui-même, beau comme un dieu grec, goujat juste ce qu’il faut, mignon de maladresse et puant le sexe de partout tout de même, improvisant les répliques cultes comme personne et créant du mythe à chaque seconde d’un bref mouvement d’épaules ou d’une torsion de lèvre millimétrée…

A coté de ça, moi, les problèmes de paternité du crapaud, j’en ai pas grand chose à carrer, je vous l’avoue tendrement.

A noter l’apparition d’un personnage un peu inutile et agaçant : Lando Calrissian, joué par un Billy Dee Williams moins charismatique que la corne durcie de mon talon droit et que l’on aura le grand déplaisir de voir s’imposer beaucoup trop dans un avenir proche…

Pour le reste tout est parfait, enfin, je veux dire dans la version d’origine, pas avec les fonds numériques dégueulasses qui viennent souiller la cité des nuages et qui, avec la prélogie est une des raisons principales pour regretter que Lucas ne soit pas mort avant de saloper son œuvre…

Oui, dans la vieille version tout est parfait, la musique de Williams est toujours aussi hallucinante, ils peuvent se payer l’orchestre symphonique de Londres en plus maintenant, ce qui n’est pas complètement abominable, les maquettes sont toujours aussi superbes, les décors aussi, l’aventure est palpitante et l’ensemble est proprement réalisé par tonton Lucas qui se fait aider pour l’occasion par son ancien prof de cinoche tellement le tournage du précédent fut pénible et ce n’est pas loin de donner le meilleur épisode de toute la série.

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le 3 juin 2013

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Torpenn

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