J'ai eu envie d'y croire.


A ce patron d’hôtel qui a une vie paisible, trop paisible selon lui, qui a une belle femme, trop belle selon lui, j'ai essayé d'y croire. A cette femme, rongée petit à petit par la jalousie maladive de son mari et qui ne sait plus comment lui prouver son amour, j'ai aussi essayé d'y croire.


En vain.


Le film parait incomplet, bâclé. Lorsque j'ai appris qu'il avait été réalisé pour enfin finir un projet qui n'avait jamais abouti, j'ai décidé de regarder L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, un documentaire consacré à ces travaux inachevés de Clouzot.


Plus que jamais conforté dans ma position, L'Enfer m'est alors apparu comme un brouillon, une ébauche de ce qu'aurait pu avoir l'air ce film s'il avait vraiment été fini par Clouzot. On sent que Claude Chabrol essaye de nous montrer que le mari est pris dans un cercle vicieux, qu'il s'enlise dans une paranoïa dont il ne parvient pas à se hisser, cependant, la façon avec laquelle il tombe dans sa pathologie est trop peu crédible. A maintes reprise, le manque de communication entre les deux protagonistes principaux parait si peu naturel qu'il nous est impossible de le trouver normal. Problème scénaristique ? Mise en scène mal soignée ? Jeu d'acteur inadapté ? Je ne saurais dire.


A coup de "Tu me trompes !", "Pardon, je t'aime...", "Tu me trompes !", "Pardon, je t'aime..." et ainsi de suite, l'histoire parait redondante. Si bien que l'on a l'impression que le film se répète inlassablement.


Les moyens dont disposait Charbol n'étaient, certes, pas les mêmes que ceux dont disposait Clouzot, mais tout le travail de recherche avait été effectué par le second. Ce jeu sur la lumière, le son, l'image est totalement absent de l’œuvre de Chabrol. Face à un Clouzot qui voulait faire sentir au spectateur, à travers son œuvre, que la situation était inévitable, que la souffrance que vit ce fameux Paul était insoutenable, qu'elle ne lui laisse aucun répit, l'œuvre de Charbol parait fade.


Je ne peux tout de même pas nier que ce film reste une bonne découverte et qu'il a le mérite de donner un aperçu d'un film qui n'existera malheureusement pas. Néanmoins, il ne conserve et ne conservera que ce rôle d'aperçu à mes yeux.


Que vous ayez apprécié ce film ou non, je ne peux que vous conseiller l'excellent documentaire de Bromberg afin de mieux le cerner ou l'apprécier.

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le 24 avr. 2016

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