Marco Bellocchio, malgré son âge avancé, nous livre un film d'une rare puissance, au lyrisme débridé, en traitant des perversités de la religion catholique à l'époque de Pie IX. Un jeune garçon juif de 6 ans est soustrait à sa famille pour des raisons fallacieuses et peu avouables pour en faire un catéchumène. Appuyée sur une histoire vraie, cet "Enlèvement" sert de support pour dénoncer les agissements odieux de la papauté, à une époque où l'Italie cherchait à construire son unité.
On suit en parallèle l'histoire de ce petit Edgardo Mortara, jusqu'à sa vie d'adulte qui sera converti malgré lui, par le biais insidieux du bourrage de crâne, aux effets pervers, et celle du pape Pie IX, interprété par un étonnant Paolo Pierobon, monstre de vanité, d'orgueil, étouffant ses sentiments pour mieux contraindre et assouvir.
La mise en scène est plutôt magnifique, aux scènes d'une justesse pointilleuse, et au lyrisme époustouflant. On reste sidéré par les comportements des personnages d'autant que la musique de Fabio Massimo Capogrosso, d'une précision diabolique, nous enferme pour mieux nous convaincre et nous éblouir. C'est absolument superbe.
Un film à voir, c'est évident...