L'ultime frontière

Je suis un poil déçu par ce film qui commençait très bien. Il s'ouvre d'ailleurs sur une citation disant qu'il faudrait montrer ce film à tous les anglais car il permet de transmettre l'esprit d'aventure qui est au cœur des fondements de l'Empire Britannique (un truc du genre) et le début du film c'est réellement ça. On voit donc ces gens juste avant la première guerre mondiale prendre un bateau pour se diriger vers l'Antarctique, une terre réellement découverte même pas un siècle auparavant. Avec les moyens de l'époque (et peut-être même encore aujourd'hui) c'était vraiment l'aventure. Le danger, l'inconnu. Et lorsqu'ils voient les premiers iceberg, absolument gigantesques, ben ça fait quelque chose. Non seulement ils sont immenses, mais l'inconnu est encore plus fort puisqu'il faut imaginer qu'on ne voit que la partie émergée... Et là ça fait peur.

Bref, le film commence très bien, en plus la restauration permet d'avoir des couleurs superbes et une image vraiment nette. Seulement voilà, pour un film qui s'appelle L'éternel silence et bien il y a beaucoup de musiques limites hors de propos (alors ont-elles été rajoutées à la restauration je ne saurais le dire), mais surtout on a des cartons absolument tout le temps pour expliquer tout et n'importe quoi. Finalement ça finit par casser le rythme qui aurait dû être contemplatif en un petit truc bêtement explicatif.

Malgré ça, le début du film est réellement captivant, on sent l'envie d'ailleurs (fernweh), l'envie d'aventure. Seulement voilà, j'ai très vite arrêté de lire les cartons tant ça me saoulait et limite je pense qu'une version remontée sans les cartons serait plus intéressante et serait bien meilleure. On comprend entre les différentes cartes, ce que l'on voit à l'écran, pas besoin de nous redire ce qu'on sait déjà.

Puis le film semble s'égarer un peu (sans que ça soit mauvais) vers quelque chose de plus zoologique et j'avoue avoir pris de plaisir à voir ces manchots pondre, élever leurs gamins. Et ceci d'autant plus que je ne suis pas certain d'avoir vu auparavant cette espèce là qui m'a fascinée. On voit ses yeux qui semblent être des yeux de poupée et lorsqu'ils se déplacent on a l'impression que c'est de la pâte à modeler en stop motion.

Mais la réelle déception vient un peu de la fin, où finalement on nous raconte ce que l'on ne voit pas, alors je sais bien si le réalisateur était parti avec eux il n'aurait pas pu faire son film non plus et on n'aurait rien eu, mais ne pas voir, les abandonner limite si loin du but c'est un peu frustrant. Dans The Epic of the Everest on allait déjà assez loin avec les deux alpinistes et on filmait leur dernière silhouette... Sans être renversant il se passait un truc, ici rien... surtout qu'on continue à nous raconter leur histoire en nous montrant des cartes pour que l'on puisse suivre leur trajet, donc bof bof, la fin n'a pas d'impact, il a été sacrifié sur l'autel de l'explication à n'importe quel prix.

Ceci dit le film reste un excellent témoignage de l'aventure la vraie, mais je n'en ai pas eu autant que promis au début du film.