Effleure le mal

Ce film du prochain réalisateur de Insidious 4 (maman j'ai peur, Insidious il faut arrêter maintenant) se doit d'être vu par les fans de films de possession. Car c'est très loin d'être mauvais et il aurait mérité une sortie en salles tant on se tape des films de possession moisis. Il y a une histoire (très classique mais quand même), beaucoup de moments de flippe et un casting plutôt honnête. Sincèrement, si vous aimez les films de ce genre, vous passerez un bon moment, donc ce serait bête de ne pas vous recommander son visionnage.

Le gros problème du film réside néanmoins dans son approche du found footage. Le found footage, ce n'est pas et ça ne doit pas être l'idée de cuter son plan toutes les trois secondes. Et ce n'est pas une expression. L'intérêt même du found footage, au-delà de l'immersion, réside dans un schéma très simple : situation normale -> situation qui dérape -> situation horrifique. Ici, lors des scènes où la tension est rude, la caméra capte de suite le visage de la possédée, capte de suite où l'horreur se doit d'être, il n'y a pas de repos ni de "glissement" vers une situation horrifique. On plonge de suite dedans. Ce n'est pas comme ça que l'on doit utiliser la caméra subjective et surtout, ce n'est absolument pas réaliste. Si demain, je prends ma caméra pour filmer des cas de possession, je vais trembler, tremper mon pantalon et tenter, avant de capter n'importe quel visage, de ne pas filmer à la verticale. L'Etrange cas Deborah Logan manque de rigueur.

Après peut-être que certains aiment, mais ça laisse un arrière-goût de gâchis total et le film tombe de suite dans le dossier horreur bon marché. Une scène en found footage est beaucoup plus flippante quand elle n'est pas enrobée d'un papier de bonbon rouge sang. Pourquoi Rec, The Descent, Le projet blair witch ont connu un succès retentissant ? Parce que le silence, la lenteur, toute la pression des scènes était captées par la caméra qui nous faisait stresser tout du long. Ici, on sent vraiment le réalisateur derrière, pas un simple protagoniste qui filmerait. Et ça, c'est d'une bêtise sans nom. Autre problème du film, au bout d'une demi heure, il y a déjà eu de grosses scènes de possession, énormément de moments de peur et de bizarreries. C'est impensable de faire un film d'horreur comme ça. Parce que passée la demi-heure, que reste-t-il ? Comment tenir une heure de plus ?

Bref, Deborah Logan a pas mal de défauts, il aurait fallu un réalisateur avec une franche idée derrière. Je vous le recommande tout de même si vous ne savez pas quoi faire de votre dimanche, même si passer du temps en famille, ça peut être sympa aussi parfois.