Je me suis donc lancé dans un cycle Richard Fleischer. Ce n’est pas une découverte, j’en avais vu quelques uns, mais c’est une vraie reconsidération. Si ce n’est pas le plus grand auteur de la création, s’il ne propose pas un cinéma révolutionnaire, si sa patte reste très légère, ce n’est pas non plus le simple faiseur que j’imaginais. C’est un vrai bon cinéaste et un super conteur. Un cinéaste qui semble capable de toucher à tout, et de réussir tout ce qu’il touche. Enfin pas tout, mais même lorsque c’est mauvais, ça m’intéresse et ça me plait assez. Un cinéaste caméléon, qui se fond dans l’histoire qu’il raconte, dans le genre abordé, mais qui sait également s’adapter à chaque époque. D’une certaine manière il me fait penser à Huston (alors que je l’imaginais plus proche de Curtiz, Hathaway ou Walsh au départ).
Fleischer ne possède pas un vrai univers à lui, ses films ne portent pas vraiment une patte reconnaissable et ne laissent pas transparaitre des thématiques bien précises. Par contre ils sont marqués par un vrai souci du détail, autant au niveau de la composition des plans, de l’utilisation des décors ou de l’écriture des personnages, ce qui donne du piquant et un vrai dynamisme au cadre.
Et j’aime sa gestion de l’espace, avec, pour une partie de ses films, une très belle utilisation du cinémascope (Les Vikings, les inconnus dans la ville, Conan,…).
Il y a également quelque chose de surprenant au niveau du pessimisme de certains de ses films des années 70 (10 Rillington Place, les flics ne dorment pas la nuit, Du sang dans la poussière) , mais un pessimisme qui n’est jamais asséné, la noirceur y est plus subtile et contrastée et ne s’abat pas comme un couperet.

10 Rillington Place c’est l’adresse d’un tueur en série qui sévissait à Londres dans les années 40.
Celui-ci usait toujours le même rituel, comme un fétichiste, pour assassiner des femmes : il les endormait avec du gaz et un produit, les étranglait avec une corde, et les violait.
Fleischer n’était pas britannique, mais il a réalisé ce film en Angleterre en adoptant totalement l’atmosphère du pays, de la ville, et sa mise en scène se love totalement dans cet univers et ce cinéma-là. 10 Rillington Place est un film crade, sale, gris, malsain. Quelque chose entre le Frenzy d’Hitchcock et le Locataire de Polanski. Un vrai film de tueur en série, doublé d’un questionnement sur la culpabilité et la peine de mort. Richard Attenborough, bien avant de jouer un père noël dans Miracle on 34th Street, incarne merveilleusement un tueur à la banalité monstrueuse.
C’est intéressant de le comparer à l’étrangleur de Boston car ce film-là est dans une approche totalement différente.
Bref c’est super bien.
Teklow13
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le 16 avr. 2013

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Teklow13

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