Le moins que l'on peut dire c'est que ce film est "cash", pour reprendre le terme qu'utilise Richard O.( Mathieu Almaric) quand il regarde la vidéo d'une femme racontant ses envies sexuelles. La clef de l'histoire de Richard O. pourrait être à chercher dans un souvenir de Richard, le récit d'une relation sexuelle dans sa jeunesse, l'expérience d'une femme fontaine et le bonheur absolu d'entrer en elle. Une révélation. Depuis, Richard est fasciné par les femmes et le mystère de leur sexualité ; pour cela, sous couvert de monter un film, il multiplie les rencontres et les expériences sexuelles. Le sujet pourrait rappeler "la Mécanique des femmes" mais finalement le film a une portée plus universelle qu'il n'y parait : montré de manière frontale, sans détour en se focalisant sur le sexe, c'est bel et bien le mystère féminin que traque Richard ; thème central de la création artistique masculine, ramené ici à son essence la plus cru. D'ailleurs, Richard, armé d'une caméra, tente de sublimer cette obsession dans la création artistique (comme Odoul lui-même, comme bien d'autres avant lui). Mais la quête est personnelle ; Richard écoute les femmes à travers des vidéos de casting puis couchent avec, collectionnant les femmes, les corps, les pratiques, les fantasmes, les jeux de rôles sexuel dans un appétit inextinguible et morbide. Dès le début (tout le film est monté en flash-back), on sait que Richard va mourir, dans le pré-générique, il est tué par une de ses maitresses lors d'une bagarre qui tourne mal : la femme voulait que Richard la viole pendant son sommeil, alors que lui a préféré juste la filmer pendant qu'elle dort - d'où la dispute, la lutte et le meurtre. Cruelle ironie, c'est un moment de-sexualisé, de pureté et d'apaisement (le sommeil) qui conduit Richard à la mort.


Odoul ne fait pas ici un film aimable, refusant la psychologie, montrant sans explication superflu, des scènes de sexe crues, visiblement non simulées avec un Mathieu Almaric, sexe en érection, se donnant corps et âme à son rôle. Personnage borderline, il n'est pas des plus aimables, parfois touchant, souvent pathétique (notamment quand il prend des cours de lutte pour pouvoir assouvir le fantasme d'une femme, celle qui va justement le tuer). Bizarrerie du scénario (d'un film que l'on a du mal à suivre), l'histoire délaisse dans le dernier quart d'heure Richard pour suivre son associé, celui qui lui servait de rabatteur et de casteur. Son histoire à lui, commence de manière un peu perverse comme voyeur sur sa jolie voisine. Mais la suite devient simple et tranquille, un début d' histoire d'amour avec elle fait de moments simples (au sauna, en extérieur, dans la chambre aussi)). Odoul voudrait-il nous dire que le bonheur réside finalement dans la fidélité d'un couple et dans une vision plus romantique d'un amour complice ? Qui sait ?

denizor
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le 17 sept. 2018

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