Après L'homme des vallées perdues et L'homme du désert, voilà une autre histoire d'homme de 1952. Heureusement qu'il y avait des hommes, à l'époque, parce qu'on se demande quelle histoire Hollywood allait bien pouvoir raconter. Ici encore, l'unique femme (celle de l'homme en question, bien entendu) n'est qu'un faire-valoir, qui exprime très peu de choses à part une soumission aveugle et une admiration béate pour son homme. D'ailleurs, dans ses rares répliques figure une profession de foi en bonne et due forme affirmant qu'une femme ne peut s'épanouir que par la dévotion à un mari... Autant dire qu'ici encore, une forme de propagande est à l’œuvre... la société américaine de l'époque s'assurait jalousement et fébrilement de la perpétuation de son modèle, sans aucune forme de distanciation. D'ailleurs, les hommes n'étaient pas à l'abri de ce matraquage infantilisant et même les destins contrariés, comme celui de ce héros condamné à 30 ans de réclusion pour un meurtre qu'il n'a peut-être pas commis, ne font qu'affirmer l'infaillible supériorité de l'individualisme à l'américaine, de façon terriblement paradoxale quand on analyse un peu la pression sociale subie par les citoyens, sommés de réussir, d'épouser les valeurs chrétiennes et en prime de se montrer patriotes. Bref, une belle plongée dans le triomphalisme rugissant des grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale et une fenêtre ouverte sur une époque normative en diable, dont presque tous les films regorgeaient de séduisantes injonctions à la conformité ambiante. Dans le même temps qu'ils exaltaient des héros solitaires au tempérament bien trempé... de quoi rendre dingue le malheureux qui aurait eu la mauvaise idée d'ériger le modèle proposé en règle de vie.