L’homme-bicentenaire ne me tentait pas trop, rien qu’à voir l’affiche, au design assez laid et daté, et qui présente le look assez cheap de la version robotique de Robin Williams.
Je me suis convaincu de le voir en regardant les avis positifs récoltés par le film, dont un titre de critique sur SensCritique qui est "Si vous voulez me voir pleurer, montrez-moi ce film". Alors moi, étant presque à chaque fois touché par les interprétations de Robin Williams, il ne m’en fallait pas tellement plus.


Dans un futur proche, il est désormais possible pour les familles aisées de se payer un robot à leur service. Les Martins commandent un modèle NDR-114, qu’ils nomment Andrew, et ne tardent pas à traiter comme un humain ; après tout, il en a plus ou moins l’apparence.
On devine sans mal quelle direction va prendre le film, il va être question du développement de l’humanité du robot.
Au contact de la famille, Andrew apprend effectivement les us et comportements humains, en commençant par des choses toutes simples… ce qui n’est pas forcément cohérent, quand il n’est même pas familier avec la formule "bonne nuit" !
Et à côté de ça, l’apparition de ses traits humains se fait un peu soudainement : Andrew prend goût à la musique de lui-même, sans que ses propriétaires ne lui en ait fait écouter, pour lui apprendre à apprécier.
L’homme bicentenaire est plein d’idées, mais c’est leur développement qui pose problème, s’avérant même saugrenu parfois.
Les comportements des personnages peuvent se montrer absurdes, les situations un peu grotesques, … parfois pour servir un humour que j’ai trouvé légèrement lourd.
Par exemple, l’incompréhension des créateurs de l’androïde par rapport à ses capacités insoupçonnées est représentée de manière à côté de la plaque : on dit au patron de la société de robotique qu’Andrew a des émotions, et il propose un remboursement pour cette défaillance ! Le positionnement du type est d’autant plus absurde qu’il ne veut pas que son client considère son robot comme humain… alors qu’il lui a donné une forme humaine, et programmé de sorte qu’il puisse avoir un semblant de personnalité et demander à avoir un nom (les androïdes sont programmés de sorte à réclamer un nom, mais ne peuvent pas dire "bonne nuit" ?!)


Beaucoup d’éléments ne font pas sens dans ce film, des relations sont précipitées, des personnages et sous-intrigues délaissées, … Il faut dire que 200 ans sont résumés en 2h, ce qui fait que les évènements passent trop vite ; pour une fois, ça ne m’aurait pas dérangé qu’un film ait été plus long, pour être plus développé… même si je ne sais pas si ça aurait suffi.
L’écriture est parfois bien vue, il y a des détails qui aident à véhiculer l’idée qu’Andrew s’humanise par exemple : son traumatisme par rapport aux fenêtres, le fait qu’à chaque fois qu’il dit "bonne nuit", ça nous renvoie au premier échange sur le sujet, de sorte qu’on voie la différence. Mais d’autres fois, le développement du personnage est vraiment maladroit : même après 60 ans, il y a toujours des expressions qu’Andrew ne sait pas employer correctement, tel un gamin.
Le robot fait tout pour devenir un être humain (je ne comprends pas pourquoi quiconque voudrait s’infliger ça, mais ok), et voit donc d’un œil nouveau ce qui, pour nous, est acquis.
Comme dans pleins de films de Robin Williams, l’histoire sert de leçon sur de vastes sujets ; ici il est question des rapports humains, du deuil, de l’amour…
Mais même s’il y a des situations que j’ai trouvés particulièrement tristes, comme le fait que le héros reste prisonnier de sa condition, ou qu’il ne puisse aimer librement quelqu’un, je trouve qu’il manque quelque chose dans l’écriture, pour rendre les propos vraiment pertinents et touchants.


La progression du héros se remarque davantage dans le jeu de Robin Williams, qui au fil du film se montre plus libre dans ses mouvements, et plus à l’aise dans sa façon de s’exprimer. Un changement qui correspond à l’évolution physique du robot ; il est au départ doté d’un visage rigide (quand il ouvre la bouche, il a un air hagard plutôt idiot), mais on constate plus tard qu’il y a eu un travail considérable pour que le masque sur le visage de l’acteur puisse rendre compte de toutes les petites subtilités de ses expressions.
Arrivé vers la fin du film, Williams peut enfin montrer toute l’étendue de son jeu, qui me laisse admiratif à chaque fois. C’est dingue comme il peut être poignant, juste par une intonation ou mimique subtile. Et alors que le film n’avait pas vraiment réussi à me toucher jusque là, Robin Williams m’a encore fait pleurer. Et étonnamment, davantage que dans les autres films que j’ai (re)vus jusque là.
Je ne me l’explique pas, car comme je le disais, L’homme bicentenaire n’est pas très bien écrit, ses thèmes ne me touchent pas spécialement, contrairement à Hook par exemple qui fait directement écho à mon propre désir de garder une âme d’enfant…


La mise en scène de L’homme bicentenaire, quoique bateau (cf cet usage des plans d’exposition), est correcte, bien qu’il y ait par moments de très bons effets spéciaux et de superbes décors futuristes ; c’est surtout au niveau de l’écriture que le long-métrage est bourré de défauts. Mais ça reste, malgré ses maladresses, un assez beau film, tiré par le haut par un Robin Williams toujours impeccable.
Après avoir regardé tout un tas de films de cet acteur ces dernières semaines, je pensais que j’allais finir par m’en lasser… mais à chaque fois, son interprétation extraordinaire me donne encore envie d’en voir plus. Prochainement : What dreams may come.


PS : Tiens pourquoi ce sont toujours des machines à forme humaine qui développent des pensées et des sentiments ? Pourquoi pas un futur où un grille-pain devient si sophistiqué qu'il veut devenir humain aussi ?

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le 31 oct. 2016

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Wykydtron IV

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