Grâce à mon goût pour le cinéma, j’ai coutume de traîner sur moult plateformes numériques en vue d’assouvir ce besoin de comprendre de quoi il en retourne. Internet se voulant un vivier de savoirs en tous genres, l’aisance avec laquelle l’on se prend à agripper une poignée d’anecdotes autrement inaccessibles sur nos réals favoris ne cessera de me happer par sa splendeur. Tantôt un mémoire sur les rapports que dessine Éric Rohmer avec la Révolution française, tantôt un entretien sur la question de la durée filmique avec le grand philosophe Jacques Rancière, vous tombez désormais, pourvu que vous en fassiez l’effort, sur une foule de débats, de critiques et, partant, de canaux de diffusion.

L’un de ces entremetteurs, de ces passeurs de passion, se nomme Samir Ardjoum. Animateur de la chaîne Microciné : Revue de Cinéma et de Télévision, cet affamé de la discussion pose ses questions, pour sûr pertinentes, à toutes sortes d’intervenant(e)s issu(e)s d’horizons divers. Quiconque y passe, du vidéaste le plus timoré au tenancier de chaire universitaire rendu à son quarantième ouvrage de référence. Sans exagération, je lui dois des pans complets de ma dilection pour le domaine audiovisuel.

Et voilà que ce taiseux Samir, d’habitude à l’écoute d’autrui, si avare en discours, encore plus à son propre égard, vient de présenter au public un moyen-métrage bouleversant dont le propos, cette fois, le concerne intimement : L’Image Manquante. Il s’agit d’abord d’un document de taille sur l’Algérie, sa terre natale, ou plutôt une bifurcation vers la sphère privée que celle-ci recèle; ensuite, et peut-être davantage, il est question de la famille évanouie, des visages qui se perdent sans le secours d’un témoin; enfin, à plus forte raison, c’est une réflexion terrible sur la puissance de la captation, de l’exultation qui en résulte, des joies et déceptions en son emprise, de la nostalgie, l’âcre nostalgie qui nous serre la gorge lorsqu’il ne reste plus que ces bribes de pellicule pour honorer le souvenir.


Décidément, à saisir la parole d’une communauté, Samir nous a offert la sienne avec la plus sincère prestance qui se puisse figurer.

Effixe
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 25 juil. 2022

Critique lue 80 fois

1 j'aime

Effixe

Écrit par

Critique lue 80 fois

1

Du même critique

Ernest et Célestine
Effixe
7

Éloge du vide

À l'heure de l'œuvre bancale, plus souvent pilotée non par ces artisans sachant ce qu'il en coûte de parler la gaminerie, mais plutôt de détersifs banquiers, encaissant au box-office l'imagination...

le 2 août 2021

5 j'aime

Miami Vice - Deux flics à Miami
Effixe
2

?

Ma déception se palpe ainsi qu'un kyste. Âpre, replet, mastoc. Non, je ne sais s'il s'agit d'une farce à laquelle souscrivent, ricaneurs, de certains cinéphiles, mais qu'autant de critiques gréent...

le 10 déc. 2021

3 j'aime

Copie conforme
Effixe
7

Exister, mystifier.

Du réel naît l'anomalie, de l'anomalie l'étrangeté, de l'étrangeté le surréel : du réel naît le surréel. Voici l'intellection - désormais ses assises posées, exhaussons-lui quelque charpente. Une...

le 14 juil. 2021

3 j'aime