Hirokazu Kore-eda en revient à la tragédie familiale et sociale, portant ici sur la perception de la société envers ses enfants et le mal que ce regard adulte peut créer. On revient au Japon, où une mère s'inquiète des propos sinistres et du comportement que son fils commence à adopter. Pensant son professeur responsable, celui-ci se retrouve incriminé et licencié. Sauf que la vérité n'est pas aussi simple. Kore-eda le démontre en construisant son récit selon trois points de vue, et nous révèle ainsi les détails cachés (ou omis par le scénario) de certaines scènes à chaque itération, dévoilant une réalité toute autre. Entre l'amitié passionnée de deux garçons, le professeur bouc-émissaire, ou la crise identitaire de l'enfant confronté à un père aux idées régressives, le cinéaste nous fait parcourir un dédale bouleversant du bonheur face aux préjugés sociaux et stéréotypes genrés. Il y a une vulnérabilité touchante dans la direction des jeunes acteurs qui offrent une belle puissance émotionnelle dans leur jeu, sur tapisserie d'une société encore très traditionnelle. Si en français c'est L'Innocence de l'enfance dans un monde d'adulte, le titre original préfère directement pointer le Monstre que l'on côtoie et qui nous accable au quotidien.