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Hirokazu KORE-EDA m'ayant laissé sur ma faim avec son film précédent Les Bonnes Etoiles (2021) où j'avais trouvé que sa thématique fétiche de la famille recomposée et dysfonctionnelle semblait tourner en rond et ses personnages plus remplir des fonctions qu'un rôle dans le récit. J'étais donc à la fois impatient et craintif de découvrir son dernier opus, récipiendaire du prix du scénario lors du festival de Cannes 2023, prix amplement mérité en ce qui me concerne.


Car c'est bien de cela dont il est question ici, explorant de nouveau un autre de ses thèmes fétiches, l'enfance ou l'adolescence contrariée dans son innocence par des éléments externes qui viennent obliger ses jeunes personnages à grandir ou mûrir un peu trop vite. C'est donc un film qui tient principalement par un scénario au cordeau, qui à l'instar de Rashomon (1950) nous décrit la même histoire selon les points de vues des trois principaux protagonistes.


Il est compliqué de développer d'avantage sans dévoiler le fin mot de l'histoire, tout juste vous dirais je, qu'en termes de réalisation, de placements de caméras et autres jeux de ping-pong formels, les deux premiers segments dévolus aux adultes, peuvent éventuellement être critiqués comme relativement académiques, même si cela ne m'a pas à titre personnel dérangé outre mesure, l'exercice étant effectué avec beaucoup de talent et de soin. Ces deux parties, soulignent en tout cas, une ambiance oppressante, presque embarrassante dans la relation entre le corps des enseignants et cette maman, soupçonnant un comportement d'abus sur son fils. Du bouc émissaire constitué pour sauver les apparences et la réputation du collège, à l'inclinaison avec laquelle la parole de la mère semble dénigrée, tout concoure in fine, et nombres d'indices distillés par Kore-Eda tendent à dire la même chose, à laisser penser aux spectateurs que le monstre du titre original désigne bel et bien cet adolescent.


Et c'est donc lors du troisième volet, qui nous offre le point de vue de cet adolescent, que la vérité éclate et si malgré une mise en scène à la fois emplie de poésie et de symbolisme, l'émotion qui nous submerge alors est d'une violence larvée inattendue mais impactante, c'est que le film peut se résumer au final en une exposition des sentiments troubles d'une adolescence en devenir, traitée comme un thriller, presque un film noir. Un film où la poésie sombre répond à la tension des soupçons.


Pour moi n'atteint pas le niveau d'émotions de films comme Tel pere, tel fils (2013), Une Affaire de famille (2018) ou celui qui demeure mon préféré Nobody Knows (2003), qui pourrait constituer un passionnant double programme avec celui-ci, mais je retrouve quand même le plaisir qui m'anime dans le cinéma de ce réalisateur.

Créée

le 9 mai 2024

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