Le nouveau film de Im Sang-soo raconte les travers de la bougeoisie coréenne, comme dans son précédent long-métrage The Housemaid. On y suit une nouvelle fois l'histoire des membres d'une famille puissante, gangrénée par l'argent, le sexe et le pouvoir. On y retrouve donc les mêmes thèmes, les mêmes obsessions.

La mise en scène est toujours aussi carrée, froide, riche en symboles, même si elle évolue pour devenir plus destructurée, moins en équilibre, lorsque les personnages révèlent leurs sombres secrets. La camera se promène lentement dans les couloirs et les pièces, mettant en valeur chaque parcelle de luxe composant ce gigantesque manoir moderne.

Cette fois, le point de vue central n'est pas celui de la servante amante du mari (bien que cette situation soit à nouveau au centre de la discorde), mais celui de l'homme de confiance, chargé de s'occuper des affaires privées de la famille, et qui peut donc observer de l'intérieur les agissements sordides de ses employeurs.

Entre une matriarche implacable prête à tout pour assouvir ses désirs et sauvegarder l'image de la famille (effrayante Yun Yeo-jung), son mari qui ne l'a épousée que pour l'argent et qui souhaite changer d'air en s'échappant avec la servante, un grand-père sournois et sa secrétaire qui manipulent dans l'ombre, un fils magouilleur qui veut prendre la place de ses chers parents, l'homme de confiance est rapidement entrainé dans un engrenage infernal, tiraillé entre ses valeurs et sa fidélité. Seule la fille semble saine d'esprit, prisonnière de ses liens, ne pouvant se raccrocher qu'à un semblant d'amour tourmenté pour l'homme de confiance.

Im Sang-soo n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit d'éreinter l'image des hautes sphères coréennes. Mais la construction de son film donne l'impression d'avoir tout montré dans la première heure. La deuxième partie traine en longueur et le rythme plutôt languissant n'aide en rien à se plonger complètement dans les déboirs de son personnage principal, surtout que celui-ci passe pour une lavette prêt à tout endurer afin de garder sa place, avant enfin de comprendre dans quel merdier il s'est fourré (un peu comme la servante de The Housemaid). L'acteur est bon mais difficile de s'identifier à son personnage.

Il en ressort donc une impression mitigée. Malgré quelques séquences glaçantes, quelques fulgurances de mise en scène, et un ton toujours aussi sulfureux, on a l'impression qu'Im Sang-soo radotte un peu. Son cinema peine à se renouveller, même si son dernier film semble un peu plus maitrisé que le précédent.
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le 7 févr. 2013

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