Le premier long métrage de Tran Anh Hung est une réussite totale, un vrai petit bijou du 7e art. Incroyable comme sa maîtrise de la mise en scène, d'une subtilité et d'une sobriété exemplaires, était à ce point mature, alors même qu'il s'agissait de ses débuts. La profondeur de champ est intelligemment utilisée, les mouvements de caméra sont irréprochables, le montage est parfait, la photographie jolie, les prises de vues inspirées...


Rien que pour ce qui est de son esthétique « L'Odeur de la Papaye Verte » mérite les applaudissements et indéniablement sa Caméra d'Or. Mais la forme n'est pas gratuite et sied parfaitement à l'histoire qui nous est contée, celle de l'asservissement des femmes au Vietnam, à travers les destins croisés d'une petite servante (lumineuse Man San Lu !), de sa maîtresse méprisée par son mari, et de la mère de cet époux irresponsable et instable. Il convient de souligner la finesse de la direction d'acteurs et des sentiments qui sont ainsi évoqués, faisant de « L'Odeur de la Papaye Verte » un film inoubliable, pudique et émouvant.


Mais plus encore, ce qui est marquant dans le cinéma de Tran Anh Hung c'est son talent pour stimuler les 5 sens : si le cinéma ne peut réellement en satisfaire que deux, le réalisateur franco-vietnamien parvient à suggérer à merveille l'odorat, le goût et le toucher. On retrouve à chaque fois dans ses films des scènes de cuisine, où l'on voit les personnages manipuler les aliments, réagir à leur aspect ou leur saveur, tout comme ils sont intrigués par la nature, représentée sous son aspect animal comme végétal.


Il n'est pas rare que la caméra de Tran Anh Hung se pose un instant face à un lézard, des sauterelles, une feuille qui ploie sous la pluie... Regarder « L'Odeur de la Papaye Verte » confine ainsi à l'émerveillement, à un enchantement de chaque instant, tant le réalisateur parvient à nous transmettre sa sensibilité ! Un très beau long métrage, que je recommande particulièrement.


Critique à retrouver sur mon blog ici.

ArthurDebussy
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films des années 1990, Les meilleurs films où une ville est à l'honneur et 200 films

Créée

le 21 mai 2020

Critique lue 433 fois

14 j'aime

8 commentaires

Arthur Debussy

Écrit par

Critique lue 433 fois

14
8

D'autres avis sur L'Odeur de la papaye verte

L'Odeur de la papaye verte
Silence
9

L'empire des Sens. [9.2]

L'odeur de la papaye verte. Ce premier film de Tran Anh Hung se divise en deux parts. La premiere époque nous plonge dans la ville de Saigon en 1951. Mui une jeune fillette de 10 ans arrive dans une...

le 31 mai 2013

21 j'aime

4

L'Odeur de la papaye verte
ArthurDebussy
8

Emotion contenue, sens exacerbés

Le premier long métrage de Tran Anh Hung est une réussite totale, un vrai petit bijou du 7e art. Incroyable comme sa maîtrise de la mise en scène, d'une subtilité et d'une sobriété exemplaires, était...

le 21 mai 2020

14 j'aime

8

L'Odeur de la papaye verte
batman1985
5

Critique de L'Odeur de la papaye verte par batman1985

On sent que c'est un film sur l'Asie réalisé par quelqu'un ayant une forte culture occidentale. Tran Anh Hung décide de revenir sur son pays qui l'a vu naître, mais filme le tout comme un Français...

le 22 juin 2011

6 j'aime

Du même critique

Mary et la Fleur de la sorcière
ArthurDebussy
4

« Kiki à l'Ecole des Sorciers »

Manifestement, il ne suffit pas de reprendre l'esthétique d'un maître pour l'égaler. C'est ce que les suiveurs et autres académistes apprennent à leurs dépens depuis la nuit des temps en matière...

le 24 févr. 2018

58 j'aime

12

Princesse Mononoké
ArthurDebussy
10

Le passage d'un monde à un autre

« Princesse Mononoké » couronne la carrière d'Hayao Miyazaki par bien des aspects. Peut-être son film le plus riche et le plus complexe, c'est également l'un des plus accomplis formellement,...

le 13 août 2016

36 j'aime

10

Il était une fois dans l'Ouest
ArthurDebussy
9

Western épique et lyrique

Vu une première fois, trop jeune, il y a longtemps, j'étais complètement passé à côté de ce film. Je m'étais dit « tout ça pour ça » ?! Je ne comprenais pas le concert de louanges qui entourait ce...

le 19 août 2020

32 j'aime

20