Treize personnages, treize meurtres sanglants commis avec d’innombrables armes blanches. Cela vous rappelle un film des années 80 ? Vendredi 13 sans doute, mais le film culte de Sean S.Cunningham ne brille certainement pas son originalité si on a vu La Baie Sanglante de Mario Bava.

En 1971, Mario Bava réalise La Baie Sanglante et donne naissance à un nouveau sous-genre : le slasher movie, et ce, bien avant Halloween (1978) de John Carpenter et bien sûr le Vendredi 13 de 1980.

Laissant de côté les ambiances gothiques qui ont fait sa notoriété depuis Le Masque du démon en 1960, le réalisateur italien Mario Bava réalise une œuvre « en roue libre » où les meurtres à l’arme blanche se succèdent implacablement.
Tous les personnages de La Baie Sanglante se croisent, à la fois coupables et victimes, pour provoquer une réaction en chaîne meurtrière.

L'histoire : un immense domaine est convoité par de nombreuses personnes, mais la propriétaire, une vieille comtesse paralytique, refuse de vendre sa magnifique baie. Un couple de promoteurs trouve un moyen radical pour s’emparer du domaine, tandis qu’une bande de jeunes gens pénètrent par effraction dans la baie pour y passer du « bon temps ». L’une des filles de la bande décide se baigner nue. Elle se cogne alors contre un cadavre flottant près d’elle...
Le luxueux domaine convoité devient alors l’antre de l’horreur où ses occupants sont prêts à s’entretuer les uns les autres pour survivre.

La trame du film est somme toute banale, inspirant par la suite de nombreux cinéastes en instaurant un support constant pour les films d’horreur des années 70-80, et donnant ainsi naissance à un nouveau sous-genre cinématographique, le slasher movie : un tueur psychopathe masqué massacre au hasard ses victimes à l’arme blanche.
Avec La Baie Sanglante, Mario Bava rompt avec les règles qu’il a établies lui-même avec le giallo, sous-genre à la mode depuis son film Six femmes pour l’assassin en 1964, bousculant les conventions et les attentes de l’époque : un tueur masqué et ganté sévissant dans une mise en scène très théâtralisée.

Dans La Baie Sanglante, les meurtres sont plus sauvages les uns que les autres. D’ailleurs la baie redevenue elle-même à l’état sauvage accentue l’aspect primitif de ces meurtres, mais nous y reviendrons plus tard.
Disparues aussi les ambiances gothiques de ses premiers films. Seule, dans les premières images du film à la photographie sublime, la superbe demeure baroque de la comtesse paralysée dans son fauteuil roulant rappellera le style des premiers films de Mario Bava. Mais bien vite le film basculera vers une nouvelle esthétique : le réalisateur italien montre lentement le visage de l’assassin de la comtesse, avant que celui-ci soit lui-même poignardé par un autre tueur à la main gantée, rappelant ainsi son chef-d’œuvre Six femmes pour l’assassin. Puis, le film basculera jusqu’au dernier plan dans l’horreur brute et sauvage.

Tantôt enfermés dans des intérieurs sombres, où veille une cartomancienne (l’actrice Laura Betti), rappelant Maria, l’androïde de Metropolis et La Méduse de la mythologie grecque, au milieu d’animaux empaillés et de collections d’insectes formant d’inquiétantes visions, les personnages tentent d’échapper, ou se tuer les uns les autres, pour se réfugier ou se pourchasser dans la baie redevenue primitive. Belle métaphore d’une Nature luttant contre l’Homme et ses pulsions destructrices ! Ainsi, il est bon de rappeler le titre italien prévu au départ : Ecologia del delitto (Ecologie du délit).

Après La Baie Sanglante, Mario Bava transformera son univers à la fois gothique et « chargé » pour donner des œuvres très sombres voir même nihilistes comme en 1977 avec son film Les Démons de la nuit (Shock).

Créée

le 28 mars 2013

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