La Ballade de l'impossible, tiré d'un excellent roman du maître japonais Haruki Murakami, avait tout pour plaire avec de superbes acteurs et un bon réalisateur. S'il avait tout pour plaire, il avait aussi tout pour décevoir.
Je suis resté mitigé tout le long des 2h13 du métrage. Évidemment, ayant lu le roman, je vois les coupes qui ont été faites, mais même sans avoir lu le livre, on sent que quelque chose manque dans la caractérisation de certains personnages, notamment le protagoniste Watanabe et un des des deux personnages féminin, Midori.
Lq voix off qui vient parfois se superposer aux (très belles) images est parfois un peu inutile mais ce n'est pas ce qui m'a dérangé. C'est un film qui laisse un sentiment étrange, on en sort frustré parce qu'on sent qu'il y avait un vrai potentiel et un bon scénario. Mais tout cela manque de vie, de passion, de mouvement, tout est trop posé et monotone.
Watanabe hésite et fait deux rencontre majeures, Midori, et Naoko son amie d'enfance, totalement brisée par la mort de son petit-ami Kizuki. Le cas de Naoko est parfaitement traité dans le film. Envoutante, étrange, ailleurs, malade psychologiquement. Ce choix de la montrer souvent en plein vent en extérieur est intrigant, on ne sait pas trop pourquoi... On veut l'aider immédiatement comme Watanabe et c'est la réussite du film. En effet, toutes les scènes avec elles sont belles et déchirantes parfois, touchante souvent.
Midori, l'autre personnage féminin est totalement raté en proportion. C'est sensé être l'opposé de Naoko, un personnage très drôle, pétillant, vivant, qui dit des obscénités sans vergogne et fait des avances à Watanabe régulièrement. Là, elle est d'une fadeur... Certains dialogues du roman sont repris mot pour mot, mais quand Midori les prononce, cela ne fonctionne pas. Elle est trop douce, calme, ressemble trop à Naoko et du coup, on ne perçoit à aucun moment le tiraillement intérieur de Watanabe attiré vers cette fille plus accessible et disponible, qui est une des clés de l'histoire. Elle n'est pas aussi volcanique ni attachante. Et à l'écran on ne la voit pas assez pour s'attacher vraiment à elle, c'est vraiment dommage.
Beaucoup de scènes durent trop longtemps également, cela peut-être un bon choix parfois, mais là c'est pesant et on peut s'ennuyer.
Enfin, je dirais que l'autre gros problème vient de la bande son, j'y suis toujours très sensible, et là, elle est omniprésente et gâche même certaines scènes à mon sens car la musique vient rajouter une couche au drame qui se noue déjà à l'image. Donc la plupart des scènes qui sont sensées être les plus poignantes, sont polluées par des violons qu'on aimerait bien ne pas entendre pour profiter du jeu des acteurs.
En bref, un film assez frustrant quand on a lu le livre, même s'il y est fidèle dans l'ensemble. C'est n'est pas un mauvais film, il est très bien réalisé la photographie est élégante, le scénario a un bon fond, les acteurs jouent bien. Cependant les défauts de caractérisation de Midori surtout, la musique, et des plans trop longs viennent plomber cette histoire.