Adapter un roman au cinéma est un exercice de style très compliqué, surtout quand le roman est aussi peu conventionnel comme l'est « la ballade de l'impossible ». J'ai attendu ce film pendant longtemps, il y a un an déjà je guettais l'actualité ressentant à chaque actualité soit de l'excitation, soit de la peur. Tran Anh Hung est un bon réalisateur, son dernier film « i come with the rain », démontrait qu'il n'était pas dénué d'un sens de l'esthétisme et de la narration qui cadrait bien avec l'univers de Murakami. Etant un grand fan de ce dernier et ayant lu quasiment tous ses romans, je ne comptais pas rater cet évènement. Je suis donc allez voir ce film avec beaucoup d'appréhension et de doutes parce qu'il faut bien l'avouer après avoir lu un tel livre, on se rend compte que le réaliser en film relève du tour de force.

Mon opinion après 2H15 de projection est plutôt positif, même si évidemment je ne m'attendais pas totalement à ça. La première moitié du film m'a assez déçu, le rythme est saccadé, le réalisateur a beaucoup de mal à installer cette ambiance de nostalgie que l'on retrouve dans le livre. La musique du film, composée par Jonny Greenwood (membre de radiohead, groupe fortement apprécié par Murakami et cité dans plusieurs de ses romans), est excellente et correspond parfaitement à l'ambiance souhaitée, mais cette idée de couper brutalement les morceaux de musique est très très mauvaise. La sensation de fluidité qui s'installe disparaît d'un coup sec, et le film qui devrait se présenter comme une sorte de rêve fait revenir le spectateur à la réalité à chaque fois. La seconde partie trouve son rythme, les acteurs assurent du début jusqu'à la fin, les paysages envoûtent, la caméra plane au dessus des personnages sachant se faire discrète et modeste. Difficile de ne pas penser à Antonioni, lorsque les mots atteignent leurs limites pour traduire les sentiments, le corps remplace la parole. Une sensualité ressort de l'œuvre, une sensation d'homogénéité finit par apparaître à la fin film malgré un début assez difficile.

Au final, je n'ai pas été d'accord sur le choix de toutes les scènes et le fait de ne pas mettre en avant certains personnages. Mais 2H15 était totalement insuffisantes pour adapter parfaitement le film, même si je regrette que tous les personnages n'aient pas été autant approfondis que dans le roman. Hung s'en est très bien sortit, il a respecté l'œuvre et a su traduire l'esprit du roman le plus fidèlement possible. Toute personne ayant lu le livre sera forcement un peu déçue parce qu'on imagine forcément certaines scènes différemment. Pour ceux qui ne l'ont pas lu précipiter vous sur ce film qui est une ode aux amours passés, mais je préfère tout de même la version que j'avais imaginé en lisant le roman.
CREAM
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le 9 mai 2011

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