Quatre ans après "Red River", Howard Hawks revient aux westerns avec "The Big Sky" où il nous fait suivre une expédition de trappeurs dans le Missouri dans le but de faire des échanges commerciaux avec les Indiens Pieds-Noirs.

Howard Hawks signe un western assez singulier et s'éloignant des codes du genre alors en vogue à Hollywood. Il nous fait ici suivre une histoire de pionniers, d'amitié et d'amour mais aussi une histoire d'homme et celle d'un voyage initiatique. Il met notamment en scène deux personnages, Jim et Boone qui vont se lier d'amitié puis participer à cette expédition dont Teal Eye, une princesse indienne, est présente.

Mélancolique et humaniste, Hawks se base sur un scénario assez riche et met en avant la façon dont ce voyage éprouvant va modifier ses deux hommes et leur vision de la vie, surtout Boone, notamment par ses rapports avec la princesse. Hawks ne les lâche pas et nous attache à eux à travers leur mission et sa difficulté. Le traitement des indiens (qui parlent d'ailleurs dans leur propre langue) évite tout manichéisme et est assez subtil, ici ils peuvent travailler en collaboration avec des américains et des français pour atteindre un but commun, Hawks évite toute facilité et niaiserie qui seraient mal venues.

Le metteur en scène de "Scarface" démontre toute sa maîtrise derrière la caméra et alterne avec brio aventure, humour, tension et simple moments de vie (de très belles scènes, vraiment réussies, à l'image des séquences au coin du feu), souvent sur un rythme et un style contemplatif mais adéquat au récit et à ce long voyage éprouvant. Il nous transporte dans ce Missouri du XIXème siècle à travers une belle reconstitution qui donne tout son charme au film, où l'eau, les bois et la nature sont régulièrement présents. Initialement prévu pour Marlon Brando et Robert Mitchum, c'est finalement le duo Kirk Douglas/Dewey Martin qui interprète les deux protagonistes, et ce de belles manières, tout comme Elizabeth Threatt dans le rôle de Teal Eye.

Hawks s'éloigne des codes du western alors en vogue à Hollywood et livre là un film contemplatif, humaniste et mélancolique où il met en avant pionnier, amitié, nature et amour et ce, avec talent et subtilité.
Docteur_Jivago
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs westerns, Howard Hawks : Le caméléon, Mes Années 1950 au cinéma, Voyage à travers l'ouest américain et Ma Filmothèque

Créée

le 19 mars 2015

Critique lue 1.3K fois

43 j'aime

4 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

43
4

D'autres avis sur La Captive aux yeux clairs

La Captive aux yeux clairs
Ugly
8

Ode à la nature

Si on veut pinailler, on peut dire que la Captive aux yeux clairs n'est pas tout à fait un western mais plus un grand film d'aventure qui apparait comme une ode à la nature dont Hawks a su se faire...

Par

le 26 janv. 2020

37 j'aime

46

La Captive aux yeux clairs
Sergent_Pepper
7

Le convoi de trappeurs

Hawks n’a fait « que » cinq westerns, mais il est parvenu à y déployer toute la diversité du genre. Après le film de convoi (Red River) et avant ceux d’une ville aux abois (Rio Bravo et El Dorado),...

le 25 janv. 2018

30 j'aime

2

La Captive aux yeux clairs
fabtx
7

Pieds Noirs et Grand Teton

1939 : les Indiens de La Chevauchée Fantastique représentent une masse emplumée hurlante à cheval, une menace déshumanisée avide de scalps qui fond implacablement sur la diligence et qu'on soupçonne...

le 12 sept. 2011

17 j'aime

2

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

156 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34