Après My Darling Clementine devenu la Poursuite infernale, les traducteurs récidivent avec She Wore a Yellow Ribbon transformé en Charge héroïque : en plus d'être originaux, sont pas galants les mecs.

Blague à part, ce changement sémantique cantonne la Charge héroïque dans le bourrin, alors que précisément les femmes sont le ressort du film et permettent à Ford d'exprimer toute son humanité. Scusi, c'était le coup de gueule du jour.

Dans ce deuxième opus de la trilogie de la cavalerie, Ford reprend ses thèmes favoris inhérents à la vie militaire dans un fort paumé de l'Ouest américain : alcool, franche camaraderie (énorme scène de baston au saloon), chant, bal (putain à la toute fin, pendant tout le film je me suis demandé s'il n'allait pas l'oublier), femmes et filles de soldats (Joanne Dru), menace indienne et les sympatoches excursions qui s'en suivent. En gros, oukaïki oukaïda.
Avec ici en prime des clébards !

Un Ford on ne peut plus classique donc, avec Merian C. Cooper à la production et la joyeuse bande d'acteurs habituels qui s'ébroue devant la caméra telle un troupeau de bisons dans la prairie (sic) : Victor McLaglen, Harry Carrey Jr, Ben Johnson, George O'Brien. Il manque Ward Bond à l'appel du clairon, je me demande bien d'ailleurs ce qu'il pouvait foutre.

Et bien sûr John Wayne, vieilli pour l'occasion et interprétant un capitaine à une semaine de la retraite (veinard).
Un Grosse Epaule moins jovial qu'à l'accoutumée, marqué par le poids des années et par une retraite qui s'approche au grand galop.

Il en ressort une certaine nostalgie, appuyée par le technicolor qui n'a rarement aussi bien porté son nom (des couchers de soleil oranges et violets, l'ocre de Monument Valley rose de chez rose), imposant un rythme assez lent. On est plus proche de la Prisonnière du désert que de la Chevauchée fantastique.

La Charge héroïque est moins pro-indien que le Massacre de Fort Apache et Rio Grande, d'autant que l'histoire se situe au lendemain de la défaite du général Custer à Little Big Horn. Comme si Ford avait voulu atténuer sa charge contre la cavalerie lors du Massacre, crypto-biopic sur Custer.


PS : Merci à mon frère de m'avoir offert le coffret RKO à Noël.
Pruneau
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le 5 janv. 2011

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