La cité des enfants : gagné !
"Il n'est secret pour personne que le steampunk est un mouvement littéraire, mais également cinématographique. Aussi, cinéphile comme je suis, je ne puis passer outre certaines créations tout à fait formidables. L'une de ces bobines est La Cité des Enfants Perdus.
Tout se déroule vraisemblablement sur Terre, dans une ville portuaire dont le nom restera inconnu. Dans cette cité de rouille et de machines, où clapote une eau verte qui n'appelle pas à la natation, beaucoup d'enfants sont orphelins et doivent voler pour survivre. Cependant, de plus en plus fréquemment, ces enfants disparaissent.
En parallèle, une secte évolue publiquement et semble très puissante : "Les Cyclopes", des hommes nés aveugles ou ayant renoncé à la vue, utilisant un œil totalement mécanique.
Mais l'essentiel de l'histoire, qui finira par tout lier, c'est un homme seul et désespéré. Le professeur Krank, un vieux scientifique fatigué, vivant sur une île artificielle. Entouré de clones, il passe ses journées et ses nuits à tenter de rêver pour ne plus vieillir aussi vite. Ne le pouvant pas, il tente de voler les rêves d'enfants, bien que tous se soldent en cauchemars.
Tout ce joyeux ordre des plus malsains prend fin alors que l'homme-fort de la foire, One, voit son petit frère d'adoption se faire enlever par les Cyclopes. Ignorant tout des raisons de cette disparition, il n'a qu'un seul but, le retrouver.
La Cité des Enfants Perdus est un film tout bonnement magnifique. Si le cinéma français ne nous habitue pas à grand chose de valable, ce chef d'œuvre de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet fait pencher la balance en faveur des qualités artistiques de l'Hexagone.
L'ambiance est d'une noirceur effroyable, tout est lugubre et glauque. Malgré cela, tout cet environnement est piqué d'humour et de poésie, rendant tout l'univers charmant. Comme s'il s'agissait d'un Alice au Pays des Cauchemars, les personnages sont tous plus étranges les uns que les autres, et presque surnaturels.
D'aucuns déploreront un scénario qui ne parvient pas à parer à tous les défauts, offrant quelquefois des hasards un peu trop surfaits pour être honnêtes. Qu'importe ! Il faut avouer que la puissance poétique de l'histoire pousse à en faire abstraction, incluant cela dans l'univers déstabilisant et l'histoire étrange qui prennent place sous nos yeux.
Des acteurs, tout à fait dans leur rôle de personnages sensibles et touchants, aux décors fabuleux en passant par un choix de musique qui remplit parfaitement sa fonction, nous sommes perpétuellement emportés par un univers qui n'est pas le nôtre, qui nous horrifie et nous charme.
Au final, mêlant steampunk et fantastique avec habileté, semblable à un conte de Noël macabre, il est certain que La Cité des Enfants Perdus a tout pour séduire son public, quel que soit son âge."
Critique parue dans le Webzine : "Le Petit Vaporiste" n°1 - disponible sur http://www.steampunk.fr