À Hollywood, on aime pas trop prendre des risques inutiles et les remake constitue des retombées financières garantie. Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Vendredi 13... Evidemment, pour s’assurer que l’oeuvre d’origine ne soit pas dénaturé ou perverti par des velléités artistiques, on confie le poste de producteur au bon garant de sa réussite, et qui de mieux que la réalisateur d’origine pour assumer ce rôle et recruter le meilleur poulain pour mener à bien un tel projet ? Depuis quelques années, les succès de Wolf Creek, Reeker, Jeeper Creepers, et autres Détour Mortel, ont prouvés que le survival été de nouveau plébiscité par les spectateurs. Une occasion idéal pour remettre au goût du jour les deux premiers films du créateur de Freddy qui avait à l’époque souffert d’un manque réel d’intérêt mais surtout de budget. Si on pouvait penser qu’un réalisateur américain chevronné serai certainement le plus approprié pour le mettre en scène, Wes Craven lui ne fait rien comme les autres et cherche une sensibilité européenne, l’auteur ne s’étant jamais caché d’aimer le cinéma d’auteur du vieux continent, mais il lui faut quelqu’un qui ne soit pas pour autant étranger au domaine horrifique, un profil particulièrement atypique donc. Son choix va se porté sur Alexandre Aja, jeune prodige du cinéma de genre français qui s’était fait remarqué 3 ans plus tôt avec Haute Tension et son ogre campé par Philippe Nahon.


Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’y été pas trompé, sauf peut-être pour la « sensibilité », parce qu’au vu du résultat , ce dernier ne sera pas tellement emballé par la violence excessive du long-métrage au point de soumettre le film à un embargo. Grosso-modo si le public test est convaincu, le réalisateur aura le final cut, sinon, il devra se plier à ses exigences en repassant sur la table de montage. Le jeune français remporte son pari au nez et à la barbe de Papy Craven qui ne mesure visiblement plus les attentes des cinéphiles insensibilisé à une violence devenu accessible à simple portée de clic. Il faut également souligner que si ce dernier fût auréolé d’un titre de Master of Horror, il s’est également efforcé tout au long de sa vie de s’en extraire en apportant une nuance considérable à ses œuvres, par le prisme des rêves, de la comédie, ou de scénario métafictionnel, voir même de changer complètement de registre dès que l’occasion se présentait à la différence de son héritier ayant été biberonné avec ce type de cinéma auquel il n ‘aura finalement fait que rendre hommage durant toute sa carrière de cinéaste. Un point commun que l’auteur de ces lignes partage pour avoir eu le DVD de la version non censuré du film à l’âge de 14 ans pour son anniversaire. Vous n’imaginez sûrement pas le choc que cela peut produire chez un jeune adolescent souffre douleur d’une cour de récré. Avec le recule, je peux dire que ce film a contribué à mes névroses d’adultes et à faire de moi un sociopathe hors pair.


L’histoire est peu ou prou la même que l’original, une famille se lance dans un road trip en direction de la Californie. Un pompiste véreux leur recommande de prendre un raccourci dans le désert, dans une zone irradié autrefois employé par l’armée pour réaliser des essais de bombes atomiques alors qu’une colonie de mineurs y était installé. Tant pis pour eux, on arrête pas le progrès à la différence du camping car qui va évidemment s’échouer à proximité et permettre à la tribut anthropophage de pouvoir remplir le frigo de barbaque. L’idée du nucléaire n’est pas nouvelle en soit, mais elle est ici bien mieux exploité puisque les cannibales en ont subis les horribles mutations, on a donc droit à un défilé de monstres assez effrayants, et à quelques grands moments de flippe notamment avec la célèbre séquence de la caravane dont le sadisme est ici décuplé au point de rendre l’expérience particulièrement insoutenable pour une personne non familière de ce type de divertissement. La Colline a des yeux cuvée 2006 est un film féroce dopé aux iodes radioactives où l’on crame le sympathique policier moustachu de la série Monk sur une croix, où l’on mord dans un petit oiseau à pleine dent avant de violer la ménagère et d’enlever son bébé. Le film dépasse allègrement son modèle de prédilection dans la sauvagerie, la brutalité et la barbarie. Le tour de force étant également de parvenir à susciter la terreur dans des décors souvent crépusculaire et d’alterner grands espaces et claustration comme dans une glacière servant de charnier de corps en décomposition. La sensation de danger est partout avec la peur de voir surgir un mutant dans le champ à tout moment. Terrifiant, et particulièrement jouissif, la lutte revêt une dimension presque mythologique lorsque le démocrate affronte un ogre à la manière de David contre Goliath. Outre l’ambiance oppressante et craspec, Aja a également sût inoculer son récit de la même sève transgressive qui innervé les films d’exploitation des années 70 et rien que pour ça, ce remake mérite toute votre intention.

Le-Roy-du-Bis
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le 19 oct. 2023

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