Au cœur des années 1950 aux Etats Unis et surtout au fin fond du Mississippi, jugé comme étant l'Etat le plus ségrégationniste, ce film met en avant la situation des gens de couleurs à l'époque (il y a seulement quelques décennies), extrêmement dégradante. A travers ce long métrage, tous les points de vue seront traités que ce soit au niveau des "blancs" ou des domestiques "noirs". Mention spéciale pour les femmes puisqu'elles sont en grande majorité dans ce film, les quelques hommes présents ayant des rôles sans grand impact sur le déroulement de l'histoire.

Le réalisateur nous emmène donc à Jackson, une petite ville où les choses paraissent figées. Cependant cette routine ne tient qu'à un fil en raison des contestations montantes en puissance pour les droits des personnes de couleur (Martin Luther King notamment). Dans ce film ce sont de parfaites inconnues qui vont essayer de faire bouger les choses. Il s'agit ici de Skeeter incarnée par la ravissante Emma Stone. Cette jeune fille de 23 ans issue d'une famille aisée vit à Jackson. Elle est différente de ses parents ou encore de ses frères et sœurs dans la façon de voir la vie et son avenir. Une époque où le mariage est un événement incontournable pour une vie réussie. Skeeter est dépassée par tous ça et son rêve c'est d'être journaliste. Afin de faire ses armes, elle compte orienter ses nouveaux articles sur les conditions de vie et l'histoire de vie des domestiques qui sont également présent au sein de sa propre famille.
Cela me permet de présenter les autres actrices principales que sont : Aibileen Clark et Minny Jackson, deux bonnes aux caractères bien trempés à la fois douces, drôles et mélancoliques. De l'autre côté, Celia Foote (Jessica Chastain) et Hilly Holbrook (Bryce Dallas Howard) deux femmes de "bonnes" familles que tout oppose. Hilly Holbrook est une femme haineuse ne voyant que la réussite de son organisation, ses petites collectes dont elle est tant fière. Elle prend du plaisir à mépriser sa bonne en poussant parfois jusqu'au sadisme. De son côté, Celia Foote est une jolie bimbo un peu nunuche paraissant complètement perdue dans ce monde. Elle est maladroite, ne sait pas faire grand chose mais a un grand cœur et est naturelle en opposition aux autres personnages "blancs" globalement. C'est en partie venant d'elle que l'histoire va prendre un tournant. En effet par sa naïveté et sa gentillesse elle va réussir à soulever les problématiques omniprésente au sein de la société. En posant des questions anodines et en ayant un comportement on ne peut plus naturel dans un quartier où les personnes sont superficielles.

Les différents regards qu'apporte le réalisateur m'a permis d'analyser les comportements de chacun et l'absurdité de la situation des personnes de couleurs à l'époque.
Ils ne valent pas plus qu'un animal aux yeux de leurs employeurs. Pourtant, l'intelligence est mille fois plus présente du côté de ces femmes exploitées Les exemples les plus marquants sont le soutien psychologique qu'apportent les bonnes mais aussi l’éducation des enfants. Malgré le dégoût des blancs envers les noirs (ils ne veulent pas partager leur toilette avec eux), Ils confient leurs enfants à ces personnes dévouées. Il y a ici une certaine ambivalence. D'autres aberrations de ce type sont présentes dans ce film notamment Skeeter qui demande l'aide d'une servante pour l'aider à rédiger une lettre et cela ne choque personne.

Le réalisateur apporte un regard sur la famille en générale et la condition féminine. Il y dresse un tableau peu reluisant mettant en avant l'individualisme de beaucoup de personnages de l'histoire. Par exemple, la mère de Skeeter malade, se servant de sa maladie pour qu'on s'apitoie sur son sort, une autre mère dépressive, une autre aveuglée par ses besoins de reconnaissances etc...

Au final, le réalisateur permet aux spectateurs d'avoir une vision vraiment élargie de la façon dont étaient traitées les personnes de couleur et des prémices des changements qui feront évoluer leur conditions de vie.

Créée

le 24 nov. 2014

Critique lue 703 fois

1 j'aime

3 commentaires

tedmosby

Écrit par

Critique lue 703 fois

1
3

D'autres avis sur La Couleur des sentiments

La Couleur des sentiments
Architrave
8

Ceci est un 8,999 que mon cerveau refuse de changer en 9.

Il y a dans ce film quelque chose de... léger, discret. Je ne sais pas comment l'expliquer mais je vais tout de même essayer dans ces prochaines lignes. La mise en scène est parfois sublime, il y a...

le 21 nov. 2011

58 j'aime

5

La Couleur des sentiments
Hypérion
8

Poupées gigognes d'ostracisation

Quelques jours après avoir subi 12 years a slave qui avait réussi le tour de force de me rendre indifférent à la destinée d'un esclave plus de deux heures durant malgré l'intérêt que je porte au...

le 5 mars 2014

46 j'aime

14

La Couleur des sentiments
Herma
4

Critique de La Couleur des sentiments par Herma

J'ai plein de choses à reprocher à La Couleur des sentiments. Premièrement, l'affiche est immonde. Deuxièmement, la bande-annonce est nulle. Troisièmement, c'est un film d'une complaisance abjecte...

le 2 nov. 2011

35 j'aime

5

Du même critique

Duel
tedmosby
8

Duel au sommet de l'angoisse !

Spielberg j'adore ! J'adore pour "Jurassik park", "Les dents de la mer", "Il faut sauver le soldat Ryan" etc. Cependant, j'ai découvert par hasard son premier long métrage dont je n'avais jamais...

le 27 déc. 2014

9 j'aime

2

Paris, Texas
tedmosby
8

Paris... wait for it ... Texas !

Encore une fois senscritique m'aura bien aidé dans le but que je visionne ce film. Faisant bonne figure dans plusieurs sondages film, dans beaucoup de top 10, top 111... Il ne m'en faut pas plus pour...

le 27 déc. 2014

7 j'aime

9

Mud - Sur les rives du Mississippi
tedmosby
8

Critique de Mud - Sur les rives du Mississippi par tedmosby

"Mud, sur les rives du Mississippi", comme le titre l'indique, est un film à part. Le réalisateur que je ne connaissais pas a vraiment su imposer son style. Nous sommes transporté par le décors...

le 8 nov. 2013

7 j'aime