Après l'excellent, bien que non unanimement apprécié, J. Edgar, voilà qu'un deuxième biopic pointe le bout de son nez, s'intéressant à une autre personnalité politique majeure de ce siècle, Margaret Thatcher, la très controversée première ministre du Royaume Uni dans les années 80.

Le pari du film : savoir créer l'empathie pour une femme qui reste le symbole de la misère sociale outre manche, et qui est probablement l'une des figures politiques d'après guerre la plus détestée. Pour parvenir à ses fins, Lloyd nous propose de suivre son quotidien de vieille femme seule et usée par la maladie d'Alzheimer. Utilisant le procédé le plus classique au monde pour ce genre de film : le flash back. Contrairement au film de Eastwood, aucune excuse scénaristique n'est utilisée pour amener ses séquences, qui s'insèrent au milieu du quotidien de la dame de fer. Un peu comme dans la vraie vie, en fait, ou certaines situations nous amènent parfois à repenser à des moments similaires. Une idée plutôt bonne à priori, bien qu'inégalement exploitée.

Plus qu'un simple compte rendu historique, le film se veut représenter une chronique pouvant viser n'importe quel homme ou femme politique, avec la montée en puissance suivie du déclin. Ici, le déclin politique se mêle à celui, plus personnel, de la femme derrière le titre. Intelligemment mis en scène, et se centrant sur Thatcher au détriment des personnages secondaires, La Dame de fer vise un public plus large que les seuls amateurs d'histoire en montrant l'humanité de son personnage, un principe que certains biopics oublient parfois en exposant la légende sans chercher à creuser plus profondément.

Pour incarner Margaret, qui d'autres que Meryl Streep? Celle ci prouve une nouvelle fois son talent pour endosser n'importe quel costume, et faire sien tous les accents. Si le maquillage fait des prouesses, notamment dans les scènes représentant l'ex première ministre au seuil de la vieillesse, chacune des mimiques et expressions faciales de l'actrice est si réaliste, et si conforme avec l'image laissée par la dame de fer qu'on ne peut que s'incliner face à son talent.

Un biopic intelligent et bien construit, et parvenant à éviter les longueurs entrevues vers la fin de J. Edgar, mais baignant quand même dans une certaine complaisance envers une femme haïssable. Pour citer le grand Renaud : "Dans cette putain d'humanité, les assassins sont tous des frères, aucune femme pour rivaliser, à part peut être madame Thatcher".
Hyunkel
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le 18 févr. 2012

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Hyunkel

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