Vendredi, tout est permis avec Howard Hawks

Deux ans après son excellent L'impossible Monsieur Bébé, Howard Hawks revient en force dans le domaine de la screwball comedy en adaptant la pièce The Front Page de Ben Hecht et Charles MacArthur, dont j'avais déjà connu l'adaptation faite par Billy Wilder, le sympathique Spéciale Première. Ici, point de léopard apprivoisé, mais une plongée burlesque dans les locaux du journal "The Morning Post", où plusieurs situations étonnantes seront de mise.


D'un côté, nous avons Walter, rédacteur en chef aussi roublard que charismatique, et son ex-femme Hildy, journaliste proche de mettre les voiles en direction d'une nouvelle vie, avec un remariage à la clé. Pour elle, fini la vie sans scrupules de journaliste et fini Walter. Sauf que le bougre ne l'entend pas de cette oreille et compte bien tout faire pour récupérer Hildy. Et de l'autre côté, nous avons la pendaison proche d'un condamné à mort, qui finit par s'échapper et qui est bien parti pour déclencher le plus grand scoop de la carrière du journal.


Tout cela sous la caméra de Howard Hawks qui livre avec His Girl Friday (je crois que je ne suis pas le seul à m'être interrogé sur le titre français) une comédie où tout fuse à vitesse grand V. Les dialogues hilarants sont largués à la mitraillette et les situations cocasses s'enchaînent, conjuguées à un rythme ahurissant de vitesse, et pourtant d'une grande fluidité. C'est fou à quel point le réalisateur parvient à maîtriser à la perfection un rythme aussi vif, et en ce sens, certaines scènes en deviennent collector, à l'image de la scène où Hildy passe de téléphone en téléphone.


Sous sa grosse couche de burlesque, Howard Hawks en profite pour jouer les poils à gratter et glisse plusieurs grosses critiques sur divers sujets qui font mal, déjà envers tout un pan de la profession qui n'hésite pas à avoir recours aux pires bassesses pour avoir la plus grosse cote, en déformant la véracité des faits à sa guise, entre autres, tout cela bien entendu alors qu'une vie humaine est en jeu, ainsi que d'autres sujets comme la place de la femme ou même la peur de la menace communiste ! D'autant que le réalisateur n'y va pas toujours avec des pincettes, certaines situations étant assez étonnantes de par leur aspect comédie noire.


Ce qui n'empêche pas de donner la part belle aux deux têtes d'affiche, Cary Grant et Rosalind Russell étant aussi fabuleux l'un que l'autre. Cary Grant joue à merveille le rédacteur en chef persifleur, sans scrupules et pourtant tellement charismatique, opposé à la charmante Rosalind Russell, femme ravissante mais au caractère bien trempé, n'hésitant pas à jouer les fortes têtes. Le duo est savoureux et voir une telle énergie dans leurs rapports explosifs fait sacrément plaisir.


N'y allons donc pas par quatre chemins : His Girl Friday est une grande réussite, une comédie aussi drôle qu'elle agit finalement en bon coup de pied dans la fourmilière de la bonne morale en étant incisive mais jamais grossière, le tout sur un rythme des plus entraînants. N'hésitez pas à vous faire plaisir avec ces 90 minutes jubilatoires à souhait.



Take Hitler and stick him on the funny page !


NickCortex
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le 9 nov. 2017

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Nick_Cortex

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