Moment on ne peut plus touchant mais également par moment difficilement accessible. Beaucoup de symboliques comme d'habitude avec Jodo, mais comme cette danse de la réalité est encore plus personnelle que les autres films du réalisateur, on peut par moment se sentir un peu exclu de cet appel à l'amour et la tolérance. La difficulté de ce genre d'exercice autobiographique très visuel, c'est qu'on se sent par moment vraiment proche de ce que tente d'illustrer Jodo à l'écran tandis qu'à d'autres, on est beaucoup plus en retrait. Mais en fin de séance, peu importe que l'on ait trouvé certains choix discutables, c'est touché par ce cinéaste hors norme que l'on se laisse bercer par les ultimes notes de musique qui se faufilent hors des enceintes, alors que le générique de fin déroule.


Certainement le film le plus abouti d'un homme qui a la tête bourrée d'idées et tellement de choses à dire pour les utiliser. En résulte un travail visuel de titan, sans cesse à la frontière entre la poésie et la réalité, qui touche autant qu'il peut parfois déranger. Tous les acteurs sont d'ailleurs au service de ces idées visuelles complètement folles, terriblement impliqués dans des rôles pas faciles à incarner. Mention spéciale à Brontis Jodorowsky qui délivre une partition exemplaire, ainsi que son épouse dans le film, la délicieuse Pamela Flores qui impressionne par le charisme qu'elle imprime à l'écran. Alejandro Jodorowski possède un tel rapport au corps qu'il dirige ses acteurs en ce sens, sans aucun tabou, avec une liberté gestuelle qui peut dérouter. En se mettant à la place des acteurs, impossible de ne pas être très respectueux par le dévouement total qu'ils offrent à leur maître d'orchestre.


Avec la Danza de la realidad, Jodorowsky reste fidèle à lui-même et nous inonde de références. C'est pourquoi l'on se sent parfois dérouté par ce qui se joue dans ce cadre qui fourmille d'informations, mais jamais on ne remet en cause la sincérité qui propulse cette intervention à coeur ouvert qui fut nécessaire pour achever une introspection cinématographique aussi généreuse. On ressort du film sur les genoux, mais surtout très ému, et c'est ce paradoxe qui m'a saisit pendant les plus de 2h du film. Je passais sans cesse d'un état d'admiration à quelques soupirs devant des choix qui m'ont semblé un peu hors de propos. Mais c'est typique du personnage qu'est Jodorowsky, un homme qui va jusqu'au bout de ses idées et semble se dire que tant que la création est motivée par le coeur, alors elle est légitime. Et c'est pour ça que, personnellement, je l'aime beaucoup.

oso
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le 14 févr. 2014

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