Si les références formelles à Dolan et plus encore à la Nouvelle Vague sont évidentes, ce n'est pas pour autant que le premier long-métrage de Monia Chokri, La femme de mon frère, n'a pas de personnalité. Bien au contraire, il en a presque trop, tellement l'actrice de Laurence Anyways a voulu sur-styliser sa mise en scène, de manière souvent ostentatoire et gratuite. Excès qui passe aussi par des dialogues incessants, se chevauchant à l'occasion, et débités façon mitraillette. La femme de mon frère est épuisant avec son trop plein d'énergie, un paradoxe puisqu'il s'agit de dresser le portrait d'une trentenaire archi-diplômée, archi-chômeuse et archi-célibataire. Narcissique et névrosée, la susdite n'est guère sympathique malgré l'abattage de Anne-Elisabeth Bossé qui écrase un peu les autres interprétations. Le spectateur est censé rire avec elle mais c'est d'elle qu'il se moque, de son mal-être plein d'énergie négative et de jalousie exacerbée. Les scènes familiales sont en revanche les plus réussies de même que celles qui, globalement, ramènent un peu de calme dans l'hystérie ambiante. Le film est bien trop long pour un scénario qui a juste une autonomie de 90 minutes et ce n'est pas la B.O très hétéroclite qui fournit une compensation, comme dans certains films de Xavier Dolan. Cette exubérance dépressive qui constitue la tonalité majeure du film aurait pu être domestiquée et assouplie pour, pourquoi pas, aller vers l'émotion. Ce qui est un peu le cas dans la dernière partie de La femme de mon père mais il est déjà trop tard.

Cinephile-doux
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2019

Créée

le 26 juin 2019

Critique lue 1.8K fois

13 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

13

D'autres avis sur La Femme de mon frère

La Femme de mon frère
Cinephile-doux
5

L'exubérante dépressive

Si les références formelles à Dolan et plus encore à la Nouvelle Vague sont évidentes, ce n'est pas pour autant que le premier long-métrage de Monia Chokri, La femme de mon frère, n'a pas de...

le 26 juin 2019

13 j'aime

La Femme de mon frère
JorikVesperhaven
6

Premier film à l’univers intéressant au duo principal impeccable mais qui pêche par sa durée excessi

Monia Chokri est une actrice québécoise reconnue, notamment pour être une fidèle du jeune prodige Xavier Dolan. Elle passe pour la première fois derrière la caméra et nous livre son premier film, «...

le 11 juin 2019

13 j'aime

La Femme de mon frère
Marcus31
6

Tu peux faire mieux, Monia

Oui, le film de citadin trentenaire dépressif est un genre cinématographique à part entière, qui se décline ici à Montréal. Et, oui, je reconnais bien volontiers ne pas être un inconditionnel du...

le 7 juil. 2019

10 j'aime

3

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

76 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13