En 1892 à Little River Montana, arrive un cavalier solitaire. C’est Larry Madden (Randolph Scott) qui revient assouvir sa vengeance d’avoir été fouetté en public et chassé par le père de celle qu’il aimait. Le père, c’est le gros propriétaire du coin, Tucker Ordway (Robert Barratt) et sa fille c’est Corinna (Dorothy Malone).
Larry chevauche encore dans la campagne environnante quand il aperçoit un homme qui risque de succomber au feu nourri de trois cavaliers. Il prend sa défense et tue un des agresseurs. Les deux autres s’enfuient. Larry apprendra que l’homme sauvé, c’est Rex Willard (Bill Ching), celui qui l’a remplacé dans le cœur de Corinna.
En ville, Larry retrouve son avocat Ames Luddington (John Dehner) qu’il a chargé une requête pour invalider la propriété de Tucker sur le grand domaine. Mais Larry n’est pas seul à vouloir chasser Tucker. Cibo Pearlo (John Baragrey), le patron du saloon règne sur la ville avec l’aide du shérif corrompu ; il a des vues sur les terres de Tucker et c’est un de ses tueurs que Larry a tué.
Outre les personnages précités, interviendront dans l’histoire,
- la sémillante chanteuse du saloon Reva (Peggie Castle), accessoirement maîtresse de son patron et pleine de contradictions ;
- le pistolero sans scrupules Peso Kid (Paul Richards) aux ordres de Cibo Pearlo.


83 mn c’est un peu long pour classer ce film en série B, mais c’est limite. Le réalisateur stakhanoviste Lesley Selander (plus de 120 films d’action à petits budgets entre 1936 et 1968, ce qui fait, en moyenne 3,5 films par an !) n’a sans doute pas beaucoup de responsabilités dans ce qu’on peut retenir de bon et de moins bon dans ce film. Le producteur David Weisbart (qui supervisa aussi « La fureur de vivre » + deux autres films la même année) est sûrement concerné au premier chef.


Le bon d’abord :
1) la qualité des scènes d’action et leur nombre – cascades correctes et chevauchées sans transparences ou gros plans-studio rajoutées. On n’a pas le temps de se poser de questions ni donc de s’ennuyer ; ça évitera à quelques uns de remarquer les petites invraisemblances du scénario. Mais ne croyez pas quand même pas l’affiche : Scott n’est jamais debout sur son cheval dans ce film (ni dans d’autres à ma connaissance). En revanche, il y a bien une furieuse chevauchée ; c’est une course organisée par le juge pour obtenir des lopins des terres reprises à Tucker. On y voit une rivalité fouettante de chariots faisant penser à la course de chars de Ben-Hur ;
2) Randolph Scott : Le premièr héros momifié de film d’action ; il servira d’exemple à Clint Eastwood, Charles Bronson, Al Pacino, Alain Delon et tant autres. On prend un cascadeur pour une scène, un figurant sur une autre, chacun avec un masque de cire représentant l’acteur, et on peut tourner plusieurs scènes sur plusieurs plateaux en même temps, ce qui est très économique. L’acteur fournit des photos pour les gros plans et le tour est joué ; il peut rester chez lui. Le public aime cette impassibilité virile.
Depuis Randolph Scott, le héros du western ou du polar est un pivot monolithique qui met en valeur son entourage (seconds rôles ou/et effets de mise en scène) ; Scott a ainsi été un bon révélateur de personnalités (Boone, Coburn, Marvin, etc).
3) le scénario de Joseph Hoffman (Chicago syndicate) plus complexe et subtil que dans nombre de westerns fauchés.
4) quelques répliques bien senties: exemple celle, justificative, de femme battue :
- Que fait une femme comme vous avec un chien comme Pearlo ?
- Quelquefois, on peut être attachée comme ça à un chien ;
5) Dorothy Malone qui a déjà eu des rôles plus prenants mais qu’on retrouve toujours avec plaisir et la pulpeuse Peggy Castle (l’ »Oklahoma woman » de Corman) si tôt disparue (http://www.riowestern.com/castle-peggie/); son rôle est assez bien écrit même si il lui réserve une chute conventionnelle. Et puis, une chanteuse de saloon qui chevauche et qui tire, ça mérite une attention particulière.


Le moins bon :
1) La musique : pas mauvaise mais trop présente même pour l’époque ; elle souligne trop l’action ;
2) Les méchants : on sait que de la réussite du « méchant » dépend en grande partie la réussite du film. Ici, les méchants auraient gagné à être épaissis ou à défaut, à être interprétés pas des comédiens apportant leur un lourd passif dans le genre ; par exemple Van Cleef, Borgnine, Russell ou même Léo Gordon (Lee Marvin ne peut pas être de tous les films).
3) Le scénario (dont le bon côté est noté ci-dessus) aurait mérité d’être peaufiné ; les relations entre les personnages évoluent plusieurs fois et se relativisent (les bons sont moins bons, les méchants moins méchants) et il s’en suit quelques invraisemblances qui font sourire dont la conclusion pourtant téléphonée (télégraphiée ?) ;
4) Randolph Scott, pour les mêmes raisons détaillées ci-dessus au chapitre « le bon ».


En conclusion : Pour son action rythmée, les amateurs pourront se laisser tenter par un western qu’ils oublieront vite mais qui leur aura fait passer un moment « pas désagréable ».

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le 28 mars 2015

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