Julien Duvivier, réalisateur des premières adaptations de l'oeuvre truculente et picaresque de Giovannino Guareschi, passe la main après deux excellents opus qui laissent toute la place à des suites de qualité.

Carmine Gallone reprend le flambeau pour ce troisième épisode, et réalisera même le suivant. Heureusement, si la complète réussite formelle des films de Duvivier n'est plus, les acteurs sont restés les mêmes, ainsi qu'un fond de métier qui permet d'emballer l'ensemble avec un charme gentiment persistant.

Bougrement génial en Don Camillo, Fernandel continue à étaler à la face d'un monde inepte et aveuglé l'étendue de son immense talent. A ses côtés, Gino Cervi fait des merveilles, en effet, sans Peppone, le maire communiste opposé à son vieil ami le curé, pas d'histoire possible.

Cette fois-ci, Peppone se présente à la députation, poussant d'ailleurs le vice jusqu'à passer avant son certificat d'études... Si vous ajoutez à tout cela une jeune secrétaire accorte envoyée de Rome par le Parti, la réaction de l'épouse légitime, le récit de la rencontre des deux compères, un vieux tank de la seconde guerre mondiale et un Christ en croix toujours en voix, vous avez tous les ingrédients pour faire un épisode particulièrement efficace.

Le charme des petites villes italiennes de province agit en tout cas chez moi parfaitement. Quelques verres d'un joli vin, un plat roboratif et campagnard, une excellente petite grappa digestive apportée par maître Pruneau, un chat sur les genoux dans un lit confortable avec Madame, voilà qui suffit largement à goûter pleinement cette charmante comédie comme on ne sait plus en faire depuis cinquante ans.

A noter que les Ritals d'après-guerre sont plus civilisés que nous : le cumul des mandats étant interdit, si Peppone est élu, il ne pourra pas rester à la fois maire et député. Et ça, même la girouette hypocrite, vendue et cumularde de Saône-et-Loire vous le dira, c'est un peu la moindre des choses.

Créée

le 12 oct. 2011

Modifiée

le 1 août 2012

Critique lue 987 fois

23 j'aime

24 commentaires

Torpenn

Écrit par

Critique lue 987 fois

23
24

D'autres avis sur La Grande Bagarre de Don Camillo

La Grande Bagarre de Don Camillo
JeanG55
6

La Grande Bagarre

Voici le numéro 3 de la saga : "la Grande Bagarre ..." Les choses ont évolué puisque Julien Duvivier a quitté le navire avec son scénariste René Barjavel. L'affaire s'italianise un peu plus puisque...

le 2 janv. 2022

13 j'aime

7

La Grande Bagarre de Don Camillo
pierrick_D_
5

Critique de La Grande Bagarre de Don Camillo par pierrick_D_

Peppone,le maire communiste de la petite ville de Brescello,se présente aux élections afin de devenir député.Son vieil ami-ennemi le curé Don Camillo va s'employer à saboter sa candidature.Ce...

le 30 nov. 2021

11 j'aime

2

La Grande Bagarre de Don Camillo
Stephenballade
8

La grande bagarre se poursuit

Devant le grand succès populaire des facéties de Don Camillo et de Peppone, un troisième volet semblait s’imposer. "Eh oui, nous voici de nouveau dans ce petit monde de Don Camillo, quelque part en...

le 13 oct. 2020

5 j'aime

Du même critique

Into the Wild
Torpenn
5

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

le 17 nov. 2012

468 j'aime

181

Django Unchained
Torpenn
4

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

le 22 janv. 2013

393 j'aime

174

Le Parrain
Torpenn
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

le 6 janv. 2011

366 j'aime

131