Après le choc et le succès international de Quand passent les cigognes, Palme d'Or en 1958, Kalatozov propose un nouveau film où il retrouve Tatyana Samojlova, délicieuse petite brunette du film précédent aux faux airs d'écureuil effarouché.
Par contre, je préfère prévenir, le film, comme l'actrice, sont à mille années lumières du chef d'oeuvre précédent, et il faut être malade sous son scalp pour préférer celui-ci à la quasi parfaite réussite du précédent.
Une expédition géologique est envoyée en Sibérie à la recherche de mines de diamant. Comme chef d'expédition, un bon bougre posé et sympathique, celui là-même qui, en oubliant de poster une dernière lettre à sa femme avant de quitter l'hélicoptère donnera, en poursuivant celle-ci tous les soirs au coin du feu, son titre au film. Avec lui, un jeune couple de géologues et un guide, sorte de beau mâle un peu sauvage qui ne restera pas longtemps insensible aux charmes de la jeune femme, faut dire qu'il ne l'a pas vue dans les cigognes, lui, il ne sait donc pas ce qu'il rate...
Comme toujours, Kalatozov multiplie les effets un peu tape-à-l'oeil, les angles biaisés, les surimpressions, les gros plans exagérés, le tout avec une liberté de caméra impressionnante qui ne sombre pourtant pas dans le chaos et l'hystérie tremblotante. Avec n'importe qui d'autre, cela deviendrait indigeste, ici, cela devient presque baroque, avec toute la maladresse et la brutale beauté d'un poème barbare.
Une jolie femme trop désirée, des diamants introuvables... isolée dans une somptueuse forêt au bout du monde, qu'arrivera-t-il à l'expédition si les éléments, toujours magnifiquement filmés, se retournaient l'un après l'autre contre elle ?
Parfois, on se rend compte que les films avec beaucoup de défauts que l'on excuse sont loin d'être les plus antipathiques. Une chose est certaine, Soy Cuba passera à la casserole dans les jours qui viennent...