La Loi
6.3
La Loi

Téléfilm de Christian Faure (2014)

Tuons-les tant qu'il en est encore temps

Bof, pas terrible.


L'idée de découvrir le monde des ministres et députés qui veulent faire passer une loi est bonne mais le traitement ici est faible : on est face à une sorte de long faux suspense dénué d'enjeux. Des enjeux, on a l'impression d'en avoir, parce qu'on a deux héroïnes qui se battent pour atteindre leur objectif, mais en réalité, ces objectifs ne dépendent pas de leur combat ni de leur ténacité ni de quoi que ce soit d'autre qui viendraient d'elles : en fait, les résolutions dépendent d'avis, des avis dont nous ne connaîtrons point l'évolution tout au long du film puisque nous ne suivons que de loin les autres personnages. Du coup, un député qui dit oui ou non, ça vient un peu de nulle part, c'est une surprise. Et donc on s'emmerde un peu, parce qu'il ne se passe rien de concret. Les arguments adverses sont caricaturaux (un peu comme aujourd'hui quand on veut démonter un climato-sceptique, on ne cherche pas à comprendre son argumentation). J'ai parlé de long faux suspense : on comprend vite qu'il s'agit d'une loi qui a été votée et non pas d'un projet avorté avant qu'elle ne soit votée quelques années plus tard... du coup, sans même connaître les détails de l'histoire, on se doute que l'héroïne va gagner, et à aucun moment l'auteur ne parvient à nous en faire douter. Enfin, ce n'est pas non plus un vrai film sur l'envers du décor : on reste principalement dans les apparitions publiques, les suppositions... les auteurs ne prennent pas de risque. Ils ne prennent pas non plus le temps d'expliquer le fonctionnement interne, si l'on n'est pas familier, on peut donc se perdre facilement dans ces 'complots'. Heureusement des dialogues appuyés par une musique évidente permettent de comprendre qui est gentil et qui est méchant.


Un petit mot sur mes convictions : je suis pour l'avortement avec une discussion autant que possible. Evidemment, c'est la femme qui a le fin mot de l'histoire: c'est elle qui porte le bébé, c'est donc elle qui peut souffrir en première ligne, elle qui peut risquer sa vie... Mais je suis pour une discussion, non pas pour tenter de convaincre l'autre d'avorter ou de garder le bébé (bien qu'un échange de point de vue sur la question me paraisse malgré tout important) mais bien, au moins, pour informer l'autre., car si la femme a le droit d'avorter sans le consentement de l'homme, je pense que l'homme a le droit de savoir lorsqu'il est impliqué dans la grossesse. Revenons à la critique.


La mise en scène n'est pas vilaine. On sent un manque de moyen, la reconstitution est par exemple assez faible et passe surtout par les costumes et coupes de cheveux (heureusement, 2014 était une année pro-vintage, donc ça n'a pas dû être trop compliqué de trouver des coupes rétro). La photographie est souvent plate manque de profondeur, on se croirait dans un téléfilm ; la qualité de l'image n'est pas top non plus, la caméra numérique n'étant pas des meilleures. Les acteurs principaux font le boulot (j'aime bien Devos et Deutsch), les secondaires ont parfois plus de mal à se montrer convaincants (faut dire que certains accessoires sont un peu cheap, notamment les lunettes).


Bref, au final, c'est un peu chiant à regarder.

Fatpooper
4
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le 29 sept. 2019

Critique lue 194 fois

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Fatpooper

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