Ça faisait depuis longtemps qu’on l’attendait et voilà, le nouveau Chucky est là ! Les attentes étaient importantes, à la hauteur du mythe du personnage, qui n’a hélas pas toujours connu le meilleur. A vrai dire le premier opus était parfait, le second ne méritait pas plus d’une vision, et quant au troisième, c’était le fond du gouffre pour la poupée diabolique. Coup de chance elle aura eu une renaissance avec le très jubilatoire « La fiancée de Chucky », avant d’à nouveau se manger la gueule avec le gloubiboulga affreux qu’était « Le fils de Chucky », sauvé par le gore à défaut d’un script convaincant.
La Malédiction de Chucky fleurait le reboot, surtout après que l’on ait vu quelques photos être diffusées sur la toile, avec un Chucky redevenu mignon et non plus arborant son horrible visage défiguré comme dans les deux précédents films. Sur ce point Don Mancini prouve qu’il a une réelle créativité sur le « comment faire revenir avec intelligence un personnage mort ». Finalement il faudra attendre la moitié du métrage pour savoir à quoi nous avons affaire, suite, reboot ou prequel ? La réponse vous la connaitrez en voyant la bobine, et l’effet de surprise sera aussi important que les nombreux jump-scares. Mancini n’a jamais rien réalisé, hormis Le fils de Chucky, et c’est avec une certaine stupéfaction que l’on découvre qu’avec presque 10 ans d’absence, le réalisateur/scénariste a fait un bout de chemin et nous offre l’un des meilleurs huis clos horrifiques. Les idées fourmillent pour créer un climat oppressant. Mises à part elles n’ont pas grande originalité (pluie, éclairs, coupures de courant…) mais ajoutées à l’handicap de l’héroïne, Nica (interprétée par Fiona Dourif, la fille de Brad Dourif alias Chucky/Charles Lee Ray !), jeune paralysée dans un fauteuil roulant au milieu d’une bâtisse proche du manoir, l’effet final est une franche réussite. Le jeu du chat et de la souris est donc calculé au poil de cul près, et c’est un véritable délice d’assister au spectacle. Pour ceux qui aiment la bidoche, ne vous attendez pas à un enchainement décérébré d’hémoglobine, en revanche lorsque les meurtres ont lieu, l’originalité est toujours de mise, tout comme la surprise et les tripes.
Seul point noir, la présence d’une séquence de flashback inutile, affreuse, ennuyeuse, tentant d’expliquer le pourquoi du comment de cette malédiction. Le rythme est cassé, grave erreur, et l’on aurait presque envie de faire avance rapide (qui plus est le mélange noir et blanc/couleur est assez laid, en plus d’alterner des séquences avec le Brad Dourif d’aujourd’hui et celui de 1988, mais théoriquement du même âge, alors que la moumoute filasse n’est pas là pour aider à donner le change).
Heureusement ce point noir est vite oublié et l’on garde davantage en mémoire la scène du repas, véritable instant qui vous vrillera les nerfs, de même que les rampements de Nica dans les escaliers, et sans oublier tout un tas de plans recherchés, rappelant ceux de Sam Raimi avec son Evil Dead.
Une chose est sûre, Chucky est revenu, il fait très mal, et il n’y aurait qu’un pas à faire pour le qualifier de meilleur opus de la saga, paradoxal lorsqu’on sait que c’est celui au budget le plus limité ! Un grand bravo à Don Mancini pour nous avoir ramené un slasher à l’ancienne tout en le faisant cohabiter avec l’horreur plus moderne, on en redemande, surtout que la bobine se termine sur un cliffhanger véritablement jouissif !