1968, le jeune Lau Kar Leung âgé alors de 28 ans fait ses débuts de chorégraphe à la Shaw Brothers dans le Temple du lotus rouge de Hsu Cheng Hung. Dix ans plus tard, c'est en tant que réalisateur cette fois qu'il met en scène Shaolin Mantis qui se présente quasiment comme un remake du film qu'il l'a fait débuter à la Shaw Brothers. Après avoir révolutionné le film de Kung Fu aux côtés de Chang Che au début des années 70, il invente avec son Spiritual Boxer un genre qui le définit à merveille : la Kung Fu comédie. Lau Kar Leung réalisa quelques unes de ses plus grandes œuvres de Kung Fu durant l'année 1978. Shaolin Mantis est une de celles-là.

Le scénario est assez simple : Wai Fung, joué par David Chiang, est chargé par l'empereur Mandchoue d'infiltrer une famille de rebelles et de trouver suffisamment de preuves pour pouvoir les exécuter. S'il ne revient pas avant 3 mois, son père passera du rang de notable à celui de simple civil ; au bout de 6 mois sa famille sera emprisonnée et au bout de 1 an elle sera massacrée. Sur ses bases, le film se construit alors en deux parties bien distinctes.

Tout d'abord dans la première partie, David Chiang va infiltrer la famille Tien en se faisant engager comme professeur de leur fille puis il va jouer un habile jeu de séduction pour se marier avec elle. Dans cette première partie au ton léger et comique, Lau Kar Leung pose les bases d'un de ses prochains films, considéré par beaucoup comme son meilleur : Heroes of the East. Un jeu de séduction s'opère entre l'homme et la femme par l'intermédiaire du Kung Fu car chez Lau Kar Leung le Kung Fu n'est pas simplement un art martial mais un art de vivre. Seulement l'homme ne dévoile ses capacités martiales que lorsqu'il y est obligé. Car dans Shaolin Mantis tout n'est que mensonges et faux-semblants, David Chiang ment à sa femme pour récupérer des documents secrets, sa femme ment à son mari pour lui laisser la vie sauve et puis bien sûr encore un niveau au-dessus, David Chiang ne se rend pas compte que pour sauver sa famille, il assassine tout simplement les héros de la dynastie Ming en servant l'empereur Mandchoue qui représente l'envahisseur. A ce titre la fin du film ne fait pas de concessions mais en connaissant un peu Lau Kar Leung et ses idéaux, elle n'est finalement pas si surprenante que ça.

Pour ce qui est des combats, ils sont essentiellement concentrés dans la 2e partie du film à partir du moment où David Chiang et sa femme décide de s'enfuir de la maison, ce n'est pas moins de 40 minutes presque non stop de combats qui attendent le spectateur entrecoupés d'une très belle scène d'entraînement. La scène dans laquelle le héros et sa femme affrontent les différents membres de la famille qui gardent chacun une des 5 portes de la maison est une reprise de la scène du film Temple of the Red Lotus. Sans être du niveau de ses meilleures réalisations, les combats restent du niveau standard des chorégraphies de Lau Kar Leung, c'est à dire très bon. Et pourtant il y avait de quoi s'inquiéter avec le choix de David Chiang en tant que personnage principal mais l'acteur nous donne ici tout simplement sa meilleure prestation martiale de sa carrière, notamment dans le final qui l'oppose à Lau Kar Wing (frère de Lau Kar Leung) où il exécute la fameuse technique de la mante religieuse. Mention également à Lau Kar Wing justement, qui un an avant Knockabout de Samo Hung, démontre déjà tout son talent transformant sa pipe en arme redoutable, sans parler de sa maîtrise habituelle et naturelle du combat à main nue.

Shaolin Mantis est donc une œuvre charnière du cinéma de Lau Kar Leung et un Kung Fu relativement efficace. Passé sa première partie plus bavarde et comique que démonstrative, les amateurs d'action jubileront devant les 40 minutes non stop qu'offre la seconde partie d'une des fondations de l'œuvre de Lau Kar Leung.
Ryo_Saeba
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le 2 oct. 2010

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