La mouche est un film sur la folie qui nous pousse à dépasser les limites du croyable et de l’irréel. Cronenberg nous raconte l’histoire de Seth Brundle, joué par l’excellentissime Jeff Goldblum complétement habité par son personnage de physicien presque asocial. La solitude de cet homme qui tombera amoureux d’une jeune et jolie journaliste lui vaudra son aliénation face à ses recherches. Sa créativité, sa volonté de transgresser les limites de l’humain le poussera à perdre son humanité. L’humain qui cause la chute de l’humain, l’esprit qui déchiquettera la chair, la chair qui en devient presque organique pour ne faire qu’un avec l’humain. Nous sommes bien chez Cronenberg. Ce physicien, de par son imagination nourrit la science avec cette invention sur la téléportation, et inversement à sorte découverte, la science transfigurera cet humain, pour en faire un être différent suite à une mauvaise manipulation durant l’expérience. Il deviendra presque un super héros comme Spiderman avec son araignée, avec des particularités physiologiques supérieurs, à l’image de cette scène gore du du bras de fer. Son ADN se codifiera avec celui d’une mouche. Suite à la cela, on verra le combat d’un homme, d’une chose si je puis dire, qui fera tout pour conserver sa part d’humanité. Et c’est là où le film prend son envol, pour devenir un spectacle d’une émotion destructrice. On le verra se changer petit à petit en mouche avec des poils qui poussent, puis des dents qui tombent, puis les ongles qui s’arrachent et ainsi de suite. Cronenberg, derrière cette histoire presque ludique en se jouant des genres avec sincérité et minimalisme, offre un spectacle horrifique effroyable aux effets spéciaux, qui n’ont pas pris une ride, et qui tétanisent le spectateur durant de longues minutes à la vue de ce visage qui se liquéfie à vue d’œil. La mouche s’avère être une magnifique histoire d’amour, ce lien sentimental qui bouillonnera, qui vivra jusqu’au dernier regard, jusqu’à la dernière lueur d’espoir malgré la transformation d’un visuel écœurant. L’humain qu’il était plus n’a jamais disparu dans les yeux de sa bien-aimée. La mouche, qui s’apparentait à un simple film fantastique, deviendra au fil des minutes un véritable film dramatique au pessimisme dévastateur, présentant l’échec existentiel de Seth Brundle.
Velvetman
8
Écrit par

Créée

le 20 févr. 2014

Critique lue 1K fois

28 j'aime

1 commentaire

Velvetman

Écrit par

Critique lue 1K fois

28
1

D'autres avis sur La Mouche

La Mouche
real_folk_blues
8

Pretty fly for a white guy

A l'instar d'un Dead Zone, Cronenberg signe sans doute avec The Fly (remake de La Mouche Noire de 1958), le moins fumiste de ses films fantastiques, le plus direct, le plus concis, le plus touchant...

le 31 mai 2012

129 j'aime

46

La Mouche
ThoRCX
9

Car aujourd'hui on vous aime, mais demain on vous jettera.

A la base, je n'aime pas les films gores, et en plus je suis un gros entomophobe (la phobie des insectes) depuis petit. Forcément un film qui raconte l'histoire d'un scientifique qui se fusionne...

le 29 août 2011

79 j'aime

5

La Mouche
SanFelice
9

Brundlefly

Il y a des artistes au sujet desquels je me dis que s'ils n'avaient pas la pratique artistique comme exutoire, ils finiraient sûrement à l'asile. Cronenberg en fait partie, pratiquement en tête de...

le 27 juin 2017

51 j'aime

7

Du même critique

The Neon Demon
Velvetman
8

Cannibal beauty

Un film. Deux notions. La beauté et la mort. Avec Nicolas Winding Refn et The Neon Demon, la consonance cinématographique est révélatrice d’une emphase parfaite entre un auteur et son art. Qui de...

le 23 mai 2016

276 j'aime

13

Premier Contact
Velvetman
8

Le lexique du temps

Les nouveaux visages du cinéma Hollywoodien se mettent subitement à la science-fiction. Cela devient-il un passage obligé ou est-ce un environnement propice à la création, au développement des...

le 10 déc. 2016

260 j'aime

19

Star Wars - Le Réveil de la Force
Velvetman
5

La nostalgie des étoiles

Le marasme est là, le nouveau Star Wars vient de prendre place dans nos salles obscures, tel un Destroyer qui viendrait affaiblir l’éclat d’une planète. Les sabres, les X Wing, les pouvoirs, la...

le 20 déc. 2015

208 j'aime

21