Le mariage c’est comme un mirage dans le désert

Le mariage c’est comme un mirage dans le désert : palais, cocotiers, chameaux… Soudain tout disparaît et ne reste que le chameau.

La poursuite infernale des études chez l'homo-erectus en vue de prétendre à l'alléchant emploi de "stagiaire permanent" ou "précaire durable" anéantirait-elle ses facultés de rire ?

Ou la race humaine se rapprocherait-elle désormais au plus près ce celle du singe ?

Je lisais ce propos de "Jean Tulard" sur Claude Zidi qui serait (dit-on) historien : "(...) bien médiocre" (...)

Or, si vous interrogez cinq personnes dans la rue, la plupart vous diront connaître Zidi, par contre personne n'était capable de m'indiquer qui était l'autre ! Lequel est le plus médiocre ?

Claude, bon anniversaire ! Le réalisateur a en effet fêté ses 88 ans en juillet 2022 je ne sais trop où, ni comment ?...

Donc du signe zodiaque du Lion : le mec a besoin de reconnaissance, et aime être admiré... Il a toute la mienne, car dans cette période de sinistrose qu'est 2022, pouvoir se marrer un bon coup est bien plus efficace que plusieurs Temesta...

Reconnaissance disais-je ? En tout cas pas beaucoup celle de la profession : à part deux césars pour les Ripoux, aucune autre médaille en chocolat pour l'ensemble de sa carrière !

Pourtant, après avoir fourbi ses armes avec les plus grands réalisateurs, quel brio, quelle verve, quel talent !

Amis cinéphiles de SC, n'aimez-vous donc que les films intellos ?

Pourtant, avec 25 films au compteur, Zidi est une des figures de proue des cinéastes ayant engrangé le plus d'entrées dans les salles de cinéma françaises !

Ce film est son quatrième... Mais tout le talent et son acquis y sont déjà présents, et il sait s'entourer des meilleurs, ce qui est un autre avantage ! Coûteux, téméraire, mais probant.

Le scénario est trépidant, et multiplie non seulement les gags, mais aussi les situations cocasses, les clins d'oeil, et pour ne rien vous cacher des plans cultes dans le domaine des images. D'ailleurs, à la photo, Henri Decaë est là encore, ce qu'on peut trouver parmi les meilleurs !

Je vais vous faire une confidence : ce film est un des rares enregistrements que je conserve car je soigne mes moments de spleen avec cette séquence où Jane (jouant le rôle d'une actrice (Jackie), voit sur un journal son petit copain avec une autre et entre dans une rage folle. Ce qui tombait plutôt bien dans la mesure où la séquence qu'elle devait tourner dans un saloon de western manquait jusqu'alors de nerf, de punch, de conviction. La rage décuplant la force d'une femme, (et la fortune des vendeurs de vaisselle) les cascadeurs auxquels Jane avait peur de" faire mal" vont passer un sale "casse-quart-d'heure" dans cette séquence culte. Absolument jouissive, délirante, hilarante, rendue encore plus excitante par les entrebâillements géantissimes du chemisier de Jane, semblant avoir perdu magiquement tous ses boutons ! (le chemisier, pas Jane) et laissant entrevoir subrepticement sa mignonne petite poitrine..

C'est d'autant plus irrésistible que dans le rôle du réalisateur du film de Jane, c'est Vittorio Caprioli qui s'y colle, et que l'acteur à la carrière impressionnante (1921-1989) a aussi été réellement réalisateur !

Plus italien, cabotin que lui, tu meurs et quel art de pasticher certains metteurs en scène vaniteux, prétentieux !

Autre franche tranche de rigolade : cette scène de chevauchée fantastique d'indiens poursuivant la belle Jane qui tire sur tout ce qui bouge avec son arme à trente coups, pour la plus grande satisfaction des prise de vues du vrai-faux réalisateur évoqué plus haut, et voyant surgir dans le champ au beau milieu des peaux-rouges, une superbe 4 chevaux Renault jaune à moteur arrière !

Bien évidemment, cette farce sera renouvelée un peu plus tard mais cette fois-ci avec un corbillard dont le cercueil laisse apparaître les pieds d'un macchabée au fil des secousses de l'engin !

Je ne raconte habituellement jamais l'histoire, mais ici, c'est si tordant que j'ai envie de vous mettre l'eau à la bouche... et vous dérider.

Le mitraillage par des gags est constant, parfois moqueurs comme quand Pierre Richard arbore des cheveux roses, et se fait accoster en toute gentillesse par un homosexuel joué (enfin je pense) par Jean-Marie Proslier, qui n'était pas non plus quelqu'un (une ?) avec lequel on s'ennuyait...

Au niveau du casting, là encore on n'a pas lésiné ! Jane Birkin et son incroyable pouvoir de séduction rallient tous les suffrages et elle était au zénith de sa beauté. La voir aussi à l'aise dans un film comique ne faisait qu'accroître sa palette de talents : un caméléon pour tout ce qui est artistique.

Et avec un humour inné : "Quand je devenais adolescente, on m'avait dit que pour avoir une belle poitrine, il fallait enduire ses tétons de dentifrice. J'en ai mis, ben voyez le résultat !"

Ceux qui ne l'ont pas vu ne se sont pas remués beaucoup : la belle n'était pas avare de ses charmes et comme en témoigne sa fille Charlotte, "ma mère était toujours à poils !"

Et même ici si on est attentifs...

Tout le reste du casting est au même niveau supérieur de qualité avec les chouchous de Zidi, genre Guiomar, Guibet, Piéplu, et bien sûr Pierre Richard...

Même soin qualitatif pour la musique : c'est Vladimir Cosma qui s'y colle et malgré un chrono très léger de 90 mn, ce film aura fait un tabac en salles françaises avec 3 702 322 entrées et une 10° place au box-office. C'est à dire moins bien que "Les bidasses s'en vont en guerre" du même Zidi moins fin à mon avis, mais qui lui avait glané une sixième place la même année avec 4 154 509 entrées... Quelle créativité !

L'histoire ne dit pas si le docteur Hubert Durois a été élu et avec qui son fils Pierre s'est marié !

A noter qu'une des deux prétendantes au mariage (mais ce n'est pas Jackie) Danielle Minazzoli, a été réellement mariée à Pierre Richard en 1960, elle lui a donné deux fils, et elle a eu en 2022 un anniversaire de 80 ans : elle était réellement danseuse d'où ce rôle de prof de gym (enfin EPS)...

la trois (RTBF) le 09.09.2022- Arte le 10.07.2023-23.07.2023-