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"Layin', layin'..." Encore après la fin, cet air résonnera à vos oreilles, fredonné par la voix grave et trouble du pasteur Powell. Un signal qui prélude au malheur et à la mort et qui pourtant, résonnant dans la nuit qui baigne les champs déserts et le sommeil des enfants, exerce un étrange envoûtement.
La réussite du film tient en grande partie à ce personnage, brillamment interprété par Robert Mitchum. Malgré l'absence d'ambiguïté qui caractérise son approche (on sait dès la première scène quelles intentions néfastes il nourrit), on reste à chaque fois frappé par le terrible double-jeu qui le caractérise, la manière d'alterner les rôles d'homme éploré et de tueur psychopathe. Pourtant, et c'est ce qui selon moi lui donne une dimension bien plus profonde et le rend supérieur à bien d'autres, on est aussi marqué par la faiblesse qui parfois apparaît en lui (son échec à rattraper les enfants par exemple) et une certaine naïveté théâtrale (son anecdote sur le bien et le mal avec l'aide de ses mains). Implacable mais parfois impuissant, manipulateur génial mais qui se heurte à ce fameux sixième sens de l'innocence enfantine... Ce personnage, bien plus paradoxal qu'il n'y paraît à première vue, échappe ainsi aux stéréotypes habituels du genre et rayonne d'une aura noire tout au long du film.
Ce film est dégage également une très belle impression visuelle. Tout est jeu de contraste: des couleurs, des lumières, mais aussi des bruits (les chansons, les animaux, l'eau, les voix enfantines...) des formes (cela prend parfois l'aspect d'un théâtre de marionnettes, avec notamment la scène du cheval que chevauche le pasteur sur une crête la nuit). Peu à peu, une atmosphère poétique se dévoile à nos yeux et l'on ne peut qu'être sensible à ce spectacle, que l'intrigue de départ ne nous laissait pas vraiment supposer...
Même si ce film pèche parfois par son côté prévisible et un peu naïf, sa force est néanmoins présente. Et surtout, tout en nous présentant une figure du mal comme rarement il a pu en être réalisées, il nous permet de nous évader dans un monde à la frontière du réel et de l'imaginaire poétique, glissant au fil de l'eau et des algues, regardant le ciel sombre piqué d'étoiles scintillantes...
Mr_Kir
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le 16 oct. 2012

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Mr_Kir

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