La Nurse
5.1
La Nurse

Film de William Friedkin (1990)

Faut pas avoir peur du méchant loup

Presque vingt ans après avoir réalisé "l'Exorciste", William Friedkin était attendu au tournant avec cette s econde incursion dans le genre horrifique. De plus, comme son illustre prédécesseur, "La Nurse" est adapté d'un roman. Le besoin de comparer les deux oeuvres se fait donc rapidement sentir.

Ici encore, Friedkin traite d'une pratique religieuse. Si "l'Exorciste" mettait à l'épreuve la foi d'un prêtre catholique, "La Nurse" traite de croyances beaucoup plus anciennes, puisque notre baby-sitter fait manifestement partie de la race des druides, comme nous le signale le carton qui ouvre le film. Pratiquant des rituels païens, parfois à tendance érotique, notre nourrice machiavélique vénère un arbre difforme auquel elle sacrifie de très jeunes bébés.

Si la mise en scène des pratiques druidiques aurait pu être un bon élément fantastique, on réalise rapidement que ce n'est qu'un prétexte pour illustrer la terreur de tous les parents: la disparition de leur enfant. D'ailleurs, nous assistons à très peu de ces rituels. Celui qui marque le plus est bien sûr la régénération de la jeune femme au sein de son arbre-totem dans le plus simple appareil: la plastique de Jenny Seagrove y est pour beaucoup.

Les angoisses des jeunes parents est donc un des sujets centraux de ce film. Mais masquées par l'aspect fantastique distillé tout au long de l'oeuvre, elles deviennent irrationnelles et perdent de leur impact. Le film cherche sa place entre deux genres, le thriller et le fantastique, et finalement n'est abouti dans aucun des deux, ce qui diminue son efficacité. "La Nurse" bien qu'angoissant et au suspense prenant, est peu réussi.

Est-ce dû à l'époque où a été tourné le film ou Friedkin a-t-il décidé d'être plus explicite après un "Exorciste" tout en subtilité? Toujours est-il qu'il choisit de nous en montrer beaucoup, jusqu'à être plutôt gore dans la scène finale, où des litres de sang sont déversés. Le fait qu'il nous fasse constamment admirer le corps dénudé de Jenny Seagrove y participe: dans "La Nurse", Friedkin ne cache rien. Certaines des images qu'il nous propose sont même dérangeantes, comme ces visages d'enfants figés dans l'écorce.

En résumé, on peut comprendre que "La Nurse" n'ait pas eu le succès de "l'Exorciste": Friedkin ne parvient pas à être très clair sur la direction que prend son film. Toutefois, cela reste une oeuvre parfaitement regardable, et même agréable. Certaines séquences sont particulièrement inquiétantes et l'ambiance générale est oppressante. Il n'aura pas révolutionné le genre comme avait pu le faire son prédécesseur, mais il fait passer un bon moment, surtout en fin de soirée, quand la nuit est profonde et noire.
Lorelei3
7
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le 9 oct. 2011

Critique lue 773 fois

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